mardi 2 décembre 2008

Bush et l'Irak : joker !


Par Daniel Schneidermann le 02/12/2008

Il y a les nouvelles qui accrochent, et celles qui glissent dans l'indifférence matinale. Bush, apprend-on en quelques secondes dans les journaux du matin, "n'était pas préparé" à la guerre. Il vient de le déclarer à une chaîne de télévision américaine. S'il avait sû que Saddam Hussein ne détenait pas d'armes de destruction massive, aurait-il déclenché la guerre d'Irak ? lui demande le journaliste, poussant son avantage. "C'est une question intéressante. Ce serait revenir sur ce qu'on a fait, et c'est une chose que je ne peux pas faire". Il ne répondra pas. On ne refait pas l'Histoire. Joker !

Le plus frappant, est que ce sidérant implicite aveu d'échec est traité sur le mode badin, presque ludique, du "si c'était à refaire". Une sorte de jeu de la vérité pour avant-soirées télévisées, ou magazines féminins à picorer sur la plage. Trois questions trois réponses: quel est votre principal sujet de fierté ? Quel est votre principal échec ? Et si vous n'aviez pas fait président, quel job auriez-vous aimé ?

L'idée même que le président sortant de ce que Emmanuel Todd, sur notre plateau, appelait voici quelques semaines "l'hypernuisance américaine", pourrait comme un vulgaire dirigeant serbe ou soudanais, faire l'objet d'une procédure de traduction devant le Tribunal Pénal International, cette idée n'effleure manifestement aucun de ceux qui transmettent cette sidérante interview. Les neurones qui portent l'information "Bush" et ceux qui portent la notion de "criminel de guerre" ne s'associent pas, et ne s'associeront jamais.
Arrêt sur images


Daniel Schneidermann ne lit pas les analyses de Philippe Grasset sur DEDEFENSA car s'il les connaissait, il éviterait cet état de sidération qui l'atteint au visionage de ce genre d'interview.
Il saurait ce qu'il en est de l'inculpabilité et de l'indéfectibilité comme caractéristiques ontologiques de la psychologie américaine et se rendrait compte que cet interview effectivement affligeante est en fait tout à fait banale et typique de cette mentalité.

Cqfd.

2 commentaires:

  1. Mais tout le monde devrait lire Dedefensa, surtout ceux qui nous sont censés nous informer. Et ce afin d'en finir avec notre fascination malsaine et notre servitude volontaire envers la "première démocratie du Monde". C'est pour cela que de façon perverse, j'aurai préféré que Mc Cain gagne alors que personnellement, j'ai plus de sympathie pour Obama.

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  2. Ce choix n'est pas si pervers que ça dans la mesure ou McCain promettait de "gagner" la guerre coloniale afghane tout-seul-comme-un-grand (c-à-d sans les européens et autres surrender monkeys) alors qu'Obama a promis, lui, à l'inverse, de nous y contraindre à renforcer nos troupes de gré ou de force, histoire de limiter autant que faire se peut les pertes de l'US army.
    De sorte qu'il était plutôt sage, en fait, en tant qu'Européen, de souhaiter la victoire du républicain va-t-en-guerre sur le démocrate belliciste.
    Mais l'irrationnel désir de ce candidat "sympathique" devenue l'"Obamania" Européenne s'est déchaînée qui laissera bientôt la place à la déception puis au ressentiment.
    Ainsi va le monde...

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