lundi 5 janvier 2009

Stealing Gaza



Une expérience de provocation

Par Brian Eno

Il est tragique de constater que les Israéliens - un peuple qui devrait comprendre mieux que quiconque les horreurs de l'oppression - se comportent maintenant en oppresseurs. Comme le grand écrivain juif Primo Levi le faisait remarquer :"Chacun a ses juifs, et pour les Israéliens ce sont les Palestiniens". En créant une version moyen-orientale du ghetto de Varsovie, ils répètent leur propre histoire comme s'ils l'avaient oubliés. Et en tentant de dépeindre une équivalence entre les Palestiniens - avec leurs roquettes artisanales et leurs adolescents lanceurs de pierres - et eux-mêmes avec une des machines de guerre les plus sophistiquées du monde, ils sacrifient toute crédibilité.

Les Israéliens sont un peuple doué et plein de ressources qui mérite pleinement de vivre en paix, mais ils semblent résolus à dilapider toute chance de permettre que cela se produise. Il est difficile d'éviter de conclure que ce conflit sert les buts politiques et économiques d'Israël si parfaitement qu'ils ont tout intérêt à le perpétuer. Tant qu'il y a des combats, ils peuvent continuer à construire des colonies illégales. Tant qu'il y a des combats, ils peuvent continuer de recevoir d'énormes quantités d'aide militaire des états-unis. Et tant qu'il y a des combats, ils peuvent éviter de se regarder avec lucidité eux-mêmes et l'impitoyable brutalité dans laquelle ils sont en train de tomber.

Gaza est devenu une expérience de provocation. Entassez un million et demi de personnes dans un espace minuscule, restreignez leur accès à l'eau, l'électricité, la nourriture et les soins médicaux, détruisez leurs moyens de subsistance, et humiliez-les régulièrement... et, ô surprise - ils deviennent hostiles.
Mais pourquoi donc voudriez-vous faire une telle expérience ?

Parce que l'hostilité que vous provoquez est le point central. Une fois que vous êtes "attaqués", vous pouvez vous positionner en victime, et vous pouvez en appeler aux hélicoptères de combat, aux chasseurs F16, aux chars d'assaut et aux missiles radioguidés, et détruire encore un peu plus les pathétiques restes d'infrastructure d'un état Palestinien. Ainsi vous pouvez décréter qu'il n'y a plus rien à attendre de cet état terroriste, un état avec lequel vous n'avez aucune possibilité d'aboutir à un compromis.

Et vous pouvez continuer votre 'business as usual', et tranquillement leur voler leur patrie.

/Brian Eno, musicien et producteur.
Traduit de l'anglais par Bertrand Du Gai Déclin.

Counterpunch

2 commentaires:

  1. Un musicien comme Eno, s'il parle comme ça, il est heure de penser...

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  2. C'est vraiment Eno ? trombone goude.

    http://lhddt.wordpress.com/2010/06/26/clermont-capitale-du-rock/

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