jeudi 30 décembre 2010

Michel Delbos: «les raisons d'espérer»

Michel Delbos appuie ses dires sur des statistiques données par les démographes./Photo DDM.

Michel Delbos, avec beaucoup d'éloquence, a offert au public du Caveau de la Gare une conférence originale qui a battu en brèche les idées reçues et permis de s'interroger sur des certitudes qui s'effondrent. Michel Delbos explique que c'est le contenu d'un livre : « Le Rendez-vous des civilisations » d'Emmanuel Todd et Youssef Courbage (Seuil), qui l'a fortement interpellé. Il a acquis, après vérifications, la certitude de l'authenticité des dires des auteurs et c'est en toute objectivité, sans souci de convaincre, ni de faire preuve de militantisme, qu'il a voulu en pénétrant dans l'intimité des populations trouver des raisons d'espérer.

Ses propos illustrés par des graphiques s'appuient sur des statistiques données par les démographes. Des constats qui se vérifient dans le temps et dans l'espace, toutes les religions sont natalistes, toute baisse de la natalité présuppose un reflux des pratiques religieuses, alors que s'élève ou s'est élevé le taux d'alphabétisation. Ce taux d'alphabétisation marque « l'accession à un stade supérieur de conscience et développement ». Mais ces évolutions entraînent des crises socio-politiques profondes dont la violence augmente d'autant plus qu'est courte leur durée d'évolution. Après s'être penché sur les pays européens et avoir étudié l'évolution du taux de fécondité dans le monde musulman, il arrive à la conclusion que l'ensemble des pays du monde islamiste vivent une baisse de leur fécondité qui les amènera sur les traces des pays européens et de conclure avec les auteurs du livre que les populations du monde, de civilisations différentes, sont sur des trajectoires de convergence et que « la diversité des traditions ne sera plus perçue comme génératrice de conflits mais témoignera par un rendez-vous des civilisations de la richesse de l'histoire des hommes ». Une conférence riche d'humanisme et d'espoir.

La Dépêche

mercredi 22 décembre 2010

Rap News 6 - Wikileaks' Cablegate: the truth is out there



"L'affaire Wikileaks/Cablegate" présenté par le célèbre Robert Foster et son désormais légendaire sens du rythme. (sous-titres en Français)



Hillary Clinton en version originale. Aussi drôle que son imitation, le sens du rythme en moins.

samedi 18 décembre 2010

Le vrai bug de l'an 2000 est arrivé en 2010

Un très bon article de Fabrice Epelboin qui analyse assez finement les tenants et aboutissants du phénomène Wikileaks, démontrant son importance historique considérable, de part l'inéluctabilité de la révolution systémique qu'il engendre, la puissance phénoménale des forces déstructurantes qu'il ébranle et la totale incompétence des pouvoirs politico-médiatiques qui servent ces forces.
Wikileaks est bien la pre
mière révolution structurante de ce siècle, exploitant complètement le pouvoir du réseau. Comme le disait lui-même Julian Assange lors de sa récente interview à la BBC :" Ce n'est pas le début de la fin mais la fin du début."



Et si Wikileaks était une chance ?







Wikileaks est là pour durer


Tout comme il était difficile d’expliquer, hier, à des néophytes, qu’essayer d’arrêter le piratage de mp3 était techniquement une illusion, et que le plus efficace consistait à s’adapter à la situation, il est tout aussi complexe d’expliquer pourquoi Wikileaks ne s’arrêtera pas, et qu’il faudra faire avec.

C’est comme ça.

A partir du moment où une information est numérique, c’est comme ça.

Vous ne pouvez en contrôler parfaitement la circulation, il y a des fuites. C’est vrai avec un CD rippé en mp3 (une fuite de son circuit de distribution fermé initial), tout comme avec des documents militaires, copiés sur une clé USB ou un CD vierge.

Pire, plus vous cherchez à contrôler la circulation d’une information numérique, plus vous perturbez cette circulation et rendez le système inefficace et coûteux.

Ce que Wikileaks va faire subir aux militaires, aux Etats, demain aux banques et sans doute sous peu aux grandes multinationales, est de la même ampleur que ce que le P2P a fait subir à l’industrie de la musique.

Un bouleversement systémique, essentiellement dû à une force mystérieuse, dont les adeptes se comptent depuis longtemps par millions, qui semble vouloir que comme l’Homme, l’octet, lui aussi, aspire à être Libre.

Les petits ennuis financiers des maisons de disques, par rapport à ce qu’il se passe aujourd’hui, désormais, qui va s’en soucier ? Personne.

Mais ne vous y trompez pas, cette liberté revendiquée par ceux qui se sont battus contre Hadopi, résonne parfaitement avec celle que nous fait entrevoir Wikileaks, la liberté des octets. (...)
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E. Todd: « Cessons de nous agenouiller devant l’Allemagne »

Prendre la rigueur budgétaire allemande comme modèle, au prétexte de ne pas léguer à nos enfants la dette nationale, reviendrait à leur transmettre une société sans industrie, ce qui est bien pire. C'est l'analyse d'Emmanuel Todd, démographe.

Les performances économiques de l’Allemagne et sa rigueur budgétaire suscitent en ce moment beaucoup d’admiration. Faut-il donc la copier, comme le suggère aussi bien François Fillon que le mensuel Enjeux-les Echos ?
Emmanuel Todd : J’ai bien noté que l’Allemagne redevenait un modèle pour les élites françaises et même dans Marianne, si j’ai bien lu le dernier Bloc-notes de Jean-François Kahn. En fait, les récents gains à l’exportation de l’Allemagne se font au détriment des autres pays européens ; ils ne dureront pas dans les pays émergents. Par ailleurs, nous voyons réémerger une thématique datant du milieu des années 80, lorsque la politique du franc fort était censée contraindre la France à adopter une rigueur « à l’allemande ». Cette politique géniale a abouti à faire de la France un pays massivement désindustrialisé. En somme, on nous propose aujourd’hui de liquider la moitié encore épargnée de notre industrie, afin de faire de la France un pays de tourisme et de ruralité…

Pourquoi cette politique du franc fort n’a-t-elle pas fonctionné ?
E.T. : Les économistes et les politiques ont une vision abstraite et déshumanisée de l’économie, qu’ils ravalent à une série de tableaux. On pourrait ainsi transformer la France en une sorte d’Allemagne en déplaçant les chiffres d’une colonne à une autre. Or, d’un point de vue anthropologique, l’activité économique est celle d’un peuple, d’une nation, d’un groupe humain qui a certaines caractéristiques culturelles, psychologiques, mentales, des façons de vivre, d’aimer, de travailler… Personnellement, je crois que les structures familiales nous fournissent la matrice permettant d’éclairer les comportements des peuples. Concernant la France et l’Allemagne, ces structures familiales ne sont pas simplement différentes, elles s’opposent par leurs valeurs structurantes respectives. La famille française dominante était individualiste et égalitaire, encourageait l’autonomie des enfants et l’égalité entre eux, ce qui a fini par conduire à la devise « Liberté, égalité, fraternité ». A l’opposé de cette matrice, la paysannerie allemande combine l’héritier unique, en général l’aîné des garçons, l’inégalité entre les frères et une claire infériorité des femmes. Voilà pourquoi, au XXe siècle, l’Allemagne n’a pas brillé par son attachement à la liberté et à l’égalité. Elle a même manifesté lors des années 39-45, une préférence marquée pour le totalitarisme.

Mais le monde contemporain ne rogne-t-il pas ces particularismes ?
E.T. : Bien entendu, les systèmes familiaux anciens ont disparu. Mais on ne peut en déduire une convergence mentale et culturelle entre pays. Au contraire, la démographie illustre de façon spectaculaire le maintien de différences entre les deux pays. La fécondité allemande est de 1,3, tandis que celle de la France est de 2. En France, où le statut de la femme est plus élevé, on peut concilier carrière professionnelle et procréation, même si tout n’est pas parfait, loin de là, dans ce domaine. Il n’en va pas de même en Allemagne ou au Japon, où perdure la « culture patrilinéaire » (système familial qui privilégie la transmission par les mâles). La France fait plus d’enfants, probablement moins bien éduqués. Le principe égalitaire y a freiné l’émergence d’une formation professionnelle technique. Ici, nous devons admettre que les différences économiques entre les deux pays sont ancrées, à l’insu des économistes, des politiques et des journalistes, dans un socle anthropologique invisible.
Une bonne gestion économique d’un pays doit prendre en compte le taux de fécondité. Si l’on veut absolument imiter l’Allemagne, il faut supprimer le tiers des enfants nés en France. Ce qui serait dommage parce que cet indicateur de fécondité est justement la preuve que le modèle français est meilleur que le modèle allemand ! Tout simplement parce qu’avant de travailler une population doit exister… Ce n’est pas une plaisanterie : le parcours cauchemardesque des jeunes pour entrer dans la vie professionnelle témoigne d’une tentation réelle d’écraser la jeunesse. Les partisans de l’équilibre budgétaire affirment que nous léguons une dette à nos enfants. En fait, nous leur transmettons une société sans industrie, ce qui est bien pire.

Les différences économiques entre les deux pays sont ancrées dans un socle anthropologique invisible.

Pourquoi l’Allemagne reste-t-elle obsédée par son déficit alors que depuis 2000 sa croissance est plus faible que celle de la France ?
E.T. : Avec le Japon, l’Allemagne est le pays le plus vieux du monde, ce qui pèse sur l’évolution de sa démocratie. Toutes ces histoires d’inscription de l’équilibre budgétaire dans la Constitution sont les symptômes d’une société en voie de fossilisation. On sent qu’une fraction des élites aimerait que la France rejoigne l’Allemagne dans cette course mortifère au désendettement. La politique économique française traditionnelle incluait une certaine dose de laxisme intelligent et pragmatique, qui aboutissait en général à des dévaluations permettant de cumuler un abaissement indolore du coût du travail et une participation plus importante des riches grâce à la baisse de la valeur internationale de leurs avoirs. La dévaluation était efficace et égalitaire. Le franc fort puis l’euro ont privé la France de son mode de régulation naturelle et désarmé l’industrie française face à la concurrence allemande. Au fond, l’orthodoxie budgétariste impose aux nations une norme qui n’est plus de saison pour les individus. Il paraîtrait aujourd’hui incongru d’imposer des relations hétérosexuelles à un homosexuel ! Il règne donc en économie un système d’interdit préfreudien dans lequel la castration et le surmoi s’imposent…

Comment sortir de ce cauchemar européen ?
E.T. : Les caractères des nations sont radicalisés par le libre-échange qui oppose les nations et les cultures les unes aux autres. En réalité, il suffirait de créer un espace économique dans lequel les salaires seraient protégés et où la demande serait en augmentation pour que les différences entre Français et Allemands (mais aussi entre Italiens et Espagnols, Polonais et Portugais, etc.) cessent de conduire à des guerres économiques. En fait, l’exacerbation des différences nationales par le libre-échange conduit à l’explosion de l’euro. Or, nous pouvons sortir de cette crise par le haut, grâce à l’instauration d’un protectionnisme européen qui seul pourrait sauver la monnaie commune et qui pourrait bénéficier à l’industrie allemande.

Votre pronostic ?
E.T. : A 90 % hélas, nous allons à l’explosion de l’euro.

Propos recueillis par Philippe Cohen

Marianne2

Assange contre-attaque


Une hallucinante interview où un Julian Assange, apparemment frigorifié et simplement armé d'un mug de thé bien chaud répond à la journaliste de la BBC Kirsty Wark, qui insiste lourdement sur les accusations dont il est l'objet, allant même jusqu'à lui demander s'il ne souhaite pas s'excuser (!) auprès de ses soit-disant victimes. Assange lui répond que ni lui, ni ses avocats n'ont reçu le moindre début de preuves concernant les allégations dont il est l'objet de la part de la justice suédoise. Wark lui demande alors pourquoi, s'il est innocent, il ne "retourne pas en Suède" pour le prouver. Assange rétorque qu'il est resté cinq semaines en Suède après que les accusations contre lui soit portées et qu'il n'est venu en Grande-Bretagne (via l'Allemagne) qu'après avoir reçu l'autorisation de la justice suédoise de quitter le pays. Il clame haut et fort être victime d'une campagne de calomnie particulièrement réussie puisqu'une page sur dix mentionnant le mot "viol" sur Google fait désormais référence à lui.

mercredi 15 décembre 2010

Todd chez Taddei (la suite)


Ce soir, mercredi 15 décembre, Frédéric Taddei recevra à nouveau le démographe Emmanuel Todd pour une revue de presse de l'année 2010, lors de son émission "Ce soir ou jamais" sur France 3.

lundi 13 décembre 2010

Wikirebels : Un documentaire sur J. Assange et Wikileaks



Six mois passés avec Julian Assange, le premier documentaire sur l'organisation Wikileaks produit par la chaine TV suédoise SVT.

Note de Bertrand : Je pense que le titre aurait pu être : "In bed with Assange", mais, à mon avis cela aurait pu être mal interprété...
PS : A voir aussi, si ce n'est déjà fait, le documentaire d'ARTE (en français) réalisé par Paul Moreira et Luc Hermann diffusé en Novembre 2010 :

mercredi 8 décembre 2010

Assange accusé d'agression sexuelle

-Au viol! Au viol!

Copyright © Steve Bell 2010

Le fumeur de pétards, une cible politiquement rentable

Comme le dit Arnaud Aubron, la prohibition du cannabis est une affaire électoralement rentable pour les pouvoirs politiques et Sarkozy l'a bien compris, ses principaux adversaires aussi d'ailleurs. En outre, on peut rajouter qu'elle permet de conserver une relative paix sociale dans les quartiers dits "difficiles" grâce à l'économie parallèle qu'elle génère. Un troisième aspect, le plus inavouable sans doute, est la manne financière qu'elle représente pour une certaine élite bien sous tous rapports et insoupçonnable. Mais là, chut, taisons-nous car nous risquerions d'entrer en terrain glissant, voire même extrèmement dérapant...

Bref, on est pas près d'en voir la fin...


Le fumeur de pétards, une cible politiquement rentable

« Tolérer la consommation, c’est favoriser le travail des trafiquants », lançait en 2003 le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy aux Sénateurs l’auditionnant sur les dangers du cannabis. Et de tirer à boulets rouges sur la « complaisance » de la gauche en la matière. Un rapport du même Sénat dénonçait une « dépénalisation de fait », regrettant que:

« les simples consommateurs de produits stupéfiants, notamment de cannabis, sont de moins en moins souvent poursuivis. »

Politiquement porteur, ce discours sur le trop grand laxisme dont bénéficieraient les consommateurs de stupéfiants pourrait être mis à mal par l’étude du très officiel Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) publiée la semaine dernière qui montre au contraire que la « pénalisation de l’usage atteint des niveaux jamais égalés ».

137 000 personnes ont ainsi été interpellées pour usage simple de stupéfiants en 2009, dont 125 000 pour du cannabis. Elles étaient moins de 2000 il y a quarante ans. Mais surtout, les arrestations d’usagers augmentent deux fois plus vite que celles des trafiquants. Même constat du côté de la justice, les condamnations pour usage simple (13000 en 2008) augmentant plus vite que les autres. Seules les incarcérations restent stables (1360 usagers simples en 2008), les réponses pénales variant de plus en plus, du stage de sensibilisation à l’injonction thérapeutique en passant par les amendes.

Pourquoi ce regain d’intérêt pour les usagers alors que la consommation de cannabis stagne depuis dix ans? Parce qu’il est beaucoup plus simple de débusquer un fumeur de pétard que Pablo Escobar, et que, statistiquement, les deux sont équivalents. Comme le rappelle l’auteure de l’étude, Ivana Obradovic :

« Elucidées au moment même où elles sont constatées, les infractions d’ usage améliorent mécaniquement le taux d’ élucidation des unités de police. »

Rien de tel qu’un fumeur de pétard gardé à vue pour faire planer son commissaire et donner aux politiques un motif de satisfaction publique. Un thème d’autant plus porteur que, comme le montrait notre sondage du mois de septembre, deux-tiers des Français restent opposés à la dépénalisation des drogues douces.

Et la hausse des chiffres justifie à son tour la hausse des budgets. En 2003, selon un précédent rapport de l’OFDT, l’Etat a alloué 637 millions d’euros à la répression. Contre 36 à la prévention. Or, conclue la chercheuse de l’OFDT:

« Une comparaison entre les législations des pays européens montre qu’il est impossible de faire un lien entre répression et niveaux de consommation en population générale ».

Résultat, quarante ans après l’adoption de la loi de 1970, la France présente la double caractéristique d’être l’un des pays européens les plus répressifs et d’avoir l’une des jeunesses les plus friandes de cannabis.

Arnaud Aubron

Drogues News

mardi 7 décembre 2010

L'arrestation d'Assange : une opération de la CIA

Le "pot de miel" d'Assange

Julian Assange a été arrêté mardi matin par la police britannique, après s'être présenté de lui-même dans un commissariat londonien. Selon ses avocats, le fondateur de WikiLeaks s'est rendu "de son plein gré", afin de faire valoir son innocence.

Dans l'univers de l'espionnage, il y a toutes sortes de techniques. L'ami d'une cible peut être visé à des fins de chantage ou une agence peut connecter directement ses agents avec les cibles pour glaner des renseignements ou créer des situations compromettantes. Ce type d'activité est très courant dans l'univers clandestin de l'espionnage, qu'il soit de type militaire, diplomatique ou économique. Un des cas les plus célèbres est l'opération de la CIA dénommée "Midnight Climax".

L'opération "Midnight Climax" impliquait des maisons closes de San Francisco, dans lesquelles des prostituées payées par la CIA attiraient divers quidams dans des chambres bien spéciales où elles leur faisait prendre du LSD à leur insu. Des fonctionnaires de CIA cachés derrière des glaces sans tains observaient alors les effets de la drogue sur leurs victimes.

Non seulement la CIA testait ainsi des techniques de manipulation mentale, mais elle utilisait et raffinait l'art du chantage sexuel à visée politique. La pratique du recours au chantage sexuel est largement admise dans le monde de l'espionnage et on appelle avec un certain humour l'agent un "pot de miel" (honeypot). Ces techniques sont une source d'inspiration inépuisable pour les scénaristes de romans et films d'espionnage comme le savent bien les amateurs de films de James Bond.

Beaucoup de pays utilisent des pots de miel, y compris dans l'espionnage industriel. Par exemple, un document du MI5 récemment divulgué par le Times à propos des services de renseignements chinois disait ceci :

“‘China has occasionally attempted sexual entrapment to target senior British political figures. Two years ago an aide to Gordon Brown had his BlackBerry phone stolen after being picked up by a Chinese woman who had approached him in a Shanghai hotel disco… [They] have been known to exploit vulnerabilities such as sexual relationships and illegal activities to pressurise individuals to co-operate with them’…” (un conseiller de Gordon Brown se serait fait voler son Blackberry par une femme dans une discothèque de Shanghaï et les services chinois sont connus pour exploiter les failles de certains individus au niveau de leurs relations sexuelles ou de leurs activités illégales de manière à faire pression sur eux pour les inciter à collaborer)

Mais venons-en à Anna Ardin donc, qui, selon un article d'Israel Shamir et Paul Bennett publié par le site Counterpunch, aurait des liens avec la CIA. Elle est décrite comme une gauchiste/féministe radicale qui travaille sur les questions d'égalité des sexes à l'université d'Uppsala en Suède, et elle connaissait Julian Assange avant leur rencontre du 14 août. elle aurait contribué à l'organisation de la tournée d'Assange en Suède et à l'organisation de sa conférence à Stockholm dont elle aurait fait la promotion via son compte Twitter et son blog. Depuis, les tweets concernant la conférence ont été effacés et son blog a été fermé. Elle s'est vantée, toujours sur Twitter, après leur relation "d'être avec le gars le plus cool du monde" puis a vainement tenté d'effacer ces messages compromettant pour sa version des faits. Elle a, par ailleurs publié sur son blog un texte qui donne les grandes lignes de ce que doit être une vengeance après une rupture : "Comment saboter une relation sexuelle en sept étapes".

Mais qu'en est-il de ses connexions présumées avec la CIA ? Selon Counterpunch, apparemment Ardin est liée à travers un groupe anti-Castriste suédois à un certain Carlos Alberto Montaner, un homme ayant des liens notoire avec la CIA, ainsi que Luis Posada Carriles via le groupe féministe anti-Castriste "Las Damas de Blanco" ( groupe financé par le gouvernement américain). Carriles, incidemment, a été impliqué dans diverses affaires troubles allant de la Baie des Cochons à l'affaire Iran-contras et au bombardement en 1976 d'un avion de ligne cubain qui a tué 73 personnes.

Comme toujours dans le monde de l'espionnage, les connexions sont difficiles à prouver, mais toujours à prendre en considération. C'est un monde où une féministe de gauche peut être manipulée pour salir l'image de Julian Assange.
Comme le dit Israël Shamir : “For a smear that really sticks, you need to get it from an ex-apostle. An accusation by a Caiaphas does not impress. If you are targeting a leftist, hire leftists.” (si votre cible est un gauchiste, pour le discréditer vous devez utiliser des gauchistes)

L'espionnage est un palais des miroirs déformants où rien n'est jamais ce qu'il semble être.

lundi 6 décembre 2010

Ce que la Saga Wikileaks Nous enseigne

Julian Assange. (Photo: Robert Nickelsberg / Getty Images)
Par PAUL CRAIG ROBERTS La réaction à WikiLeaks et à son fondateur, Julian Assange nous dit tout ce que nous avons besoin de savoir sur la corruption totale de notre monde "moderne", qui est en fait un retour à l'Âge des ténèbres. Un membre du gouvernement Américain a fourni à WikiLeaks des documents qui sont controversés. Ils le sont parce que ce sont des documents américains officiels et qu'ils montrent bien trop clairement que le gouvernement américain est une entité fondée sur la duplicité dont la raison d’être est de contrôler tous les autres gouvernements. Les médias, pas simplement aux Etats-Unis mais aussi partout dans le monde anglophone et en Europe, ont montré leur hostilité à WikiLeaks. La raison est évidente. WikiLeaks révèle la vérité, alors que les médias couvrent le gouvernement américain et ses états fantoches. Pourquoi quelqu'un avec un soupçon de bon sens irait-il lire les médias quand il peut lire la matière originale contenue dans WikiLeaks ? Le reporter américain et le rédacteur moyen doivent être vraiment furieux que leur propre lâcheté soit si clairement exposée par Julian Assange. Les médias américains sont des prostitués, alors que le sang courageux des guerriers parcourt les veines de WikiLeaks. Tout comme les politiciens américains veulent voir Bradley Manning exécuté parce qu'il a révélé des crimes du gouvernement américain, ils veulent voir Julian Assange exécuté. Depuis quelques jours, les plus notoires des couillons qui siègent au Congrès américain ont dénoncé Assange comme un “traître à l'Amérique.” Quelle ignorance totale. Assange est un Australien, pas un citoyen américain. Pour être un traître à l'Amérique, on doit d'abord en avoir la nationalité. Un Australien ne peut pas être un traître à l'Amérique, pas plus qu'un Américain ne peut être un traître à l'Australie. Mais n'espérez pas que les crétins patentés qui représentent les lobbyistes à Washington en sachent autant. Mike Huckabee, le pasteur baptiste redneck qui, étant gouverneur de l'Arkansas et, ajoutant à la honte déjà si écrasante de l'Amérique, était le troisième prétendant à l'investiture présidentielle républicaine, a demandé l'exécution d'Assange. Ainsi ici nous avons un “homme de Dieu” appelant le gouvernement américain à assassiner un citoyen australien. Et les Américains se demandent pourquoi le reste du monde les déteste. Les documents qui ont fuités du gouvernement américain via WikiLeaks montrent que le gouvernement américain est une honteuse bande de gangsters sans scrupules. Le gouvernement américain a pu se permettre d'obliger le Premier ministre britannique Brown à "arranger" l'enquête "Chilcot" démontrant comment l'ancien Premier ministre Tony Blair avait manipulé et menti au gouvernement britannique afin d'en faire des mercenaires au service de l'invasion américaine de l'Irak. Un des câbles "diplomatiques" révélé montre le fonctionnaire du Ministère de la Défense britannique Jon Day promettant au gouvernement Américain que le gouvernement du Premier ministre Brown a mis en place “des mesures pour protéger vos intérêts.” D'autres câbles montrent le gouvernement américain menaçant le Premier ministre espagnol Zapatero, tout en lui ordonnant d'arrêter ses critiques sur la guerre d'Irak et autres. Vraiment, comment ces gouvernements étrangers peuvent-ils croire encore qu'ils sont souverains ? Ce ne sont pas seulement les gouvernements étrangers qui sont sous la férule américaine. il en est de même pour Amazon.com. Joe Lieberman du Connecticut, qui est le sénateur israélien le plus influent au sein du Sénat américain, a proféré des menaces suffisamment crédibles envers Amazon pour faire évincer le site WikiLeaks de leur service d'hébergement. Ainsi vous y êtes. D'une part le gouvernement et les médias prostitués américains déclarent qu'il n'y a rien de nouveau dans les centaines de milliers de documents révélés, d'autre part ils font tout pour fermer WikiLeaks et faire taire son fondateur. Évidemment, en dépit des dénégations du gouvernement américain, ces documents sont extrêmement nuisibles. Ils montrent que le gouvernement américain n'est pas ce qu'il prétend être. Assange se cache. Il craint un assassinat de la CIA et du Mossad et, pour ajouter à ses problèmes le gouvernement Suédois a changé d'avis, peut-être suite à des pressions américaines ou/et de l'argent, au sujet des accusations de viol que le gouvernement suédois avait auparavant écarté par manque de crédibilité. Si les informations qui circulent sont avérées, deux femmes, qui pourraient être des agents de la CIA ou du Mossad, ont porté des accusations d'abus sexuel contre Assange. Elles prétendent avoir eu des rapports sexuels consentis avec lui, mais qu'il ne s'est pas arrêté quand elles lui ont demandé de le faire suite à la rupture du préservatif. [note de Bertrand : Mes chers lecteurs, vous me voyez sincèrement désolé d'être dans l'obligation de traduire ici un truc aussi risiblement grotesque] Pensez-y une minute. Mis à part les stars du porno, combien d'hommes peuvent s'arrêter au point d'orgasme ou en s'approchant de l'orgasme ? Comment quelqu'un sait-il où Assange en était dans le processus de l'acte sexuel ? Un gouvernement qui aurait le moindre sens de l'intégrité et du respect de la vérité essaierait-il d'entacher le nom d'un des principaux témoins des réalités de notre temps sur la base de charges aussi ridiculement minces ? De toute évidence, la Suède est devenue une marionnette de plus au service des Etats-Unis. Le gouvernement américain a pris l'habitude de mentir impunément depuis si longtemps qu'il n'hésite plus à le faire de la façon la plus criante. WikiLeaks a révélé un document classifié des Etats-Unis signé par la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton qui ordonne explicitement aux diplomates américains d'espionner les fonctionnaires du Conseil de sécurité de l'ONU ainsi que le Secrétaire général des Nations Unies. Le câble est maintenant dans le domaine public. Personne ne nie son authenticité. Pourtant, aujourd'hui le régime d'Obama, plus précisément le Secrétaire de Presse de la Maison Blanche Robert Gibbs, a déclaré qu'Hillary Clinton n'avait jamais ordonné ou même demandé aux fonctionnaires américains d'espionner les fonctionnaires de l'ONU. Comme le dit Antiwar.com : Qui croyez-vous, le texte imprimé avec la signature d'Hillary Clinton ou la Maison Blanche ? Quelqu'un qui croit le gouvernement américain à propos de quoi que ce soit est l'incarnation même de la crédulité. Paul Craig Roberts a été rédacteur du Wall Street Journal et Secrétaire d'Etat au Trésor américain. Son dernier livre, HOW THE ECONOMY WAS LOST, vient d'être publié aux états(soit-disant)unis par CounterPunch/AK. Contact : PaulCraigRoberts@yahoo.com Traduction : Bertrand Du Gai Déclin

dimanche 5 décembre 2010

Quand Wikileaks dément Libé…


On se souvient de la complaisance immédiate de la presse française, Libération en tête, pour le coup d’État perpétré au Honduras, dont le régime de facto continue depuis à assassiner ou a "disparaître" des centaines d’opposants. Un des arguments des journalistes français était que le président Zelaya aurait voulu se perpétuer au pouvoir… Les premiers documents publiés par Wikileaks apportent un clair démenti à cette vision. Le président chassé renversé, Manuel Zelaya a dénoncé dans une entrevue exclusive à TeleSUR ce 29 novembre la double morale des États-Unis qui savaient que son exil et le gouvernement de facto de Roberto Micheletti attentaient contre la constitutionnalité au Honduras, mais n’en ont pas tenu compte. Au contraire ils ont encouragé puis avalisé des élections frauduleuses tandis que la résistance se pressait autour de l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa où il s’était réfugié.

“Ce document va nous permettre de saisir la Cour Pénale Internationale et des Droits de l’Homme pour dénoncer les États-Unis comme État violeur des droits humains puisqu’il n’a pris aucune mesure contre le coup d’État et que les révélations de Wikileaks démontrent leur implication et leur volonté de couvvrir ce qu’ils savaient être un délit”.

Manuel Zelaya s’étonne du contrôle des médias internationaux qui ont occulté la vérité, totalement ou en partie, alors qu’on savait déjà, avant la publication de Wikileaks, que Washington était complice du coup d’État.

Le président renversé a déclaré que “les services secrets nord-américains connaissaient le coup d’État et les plans de nettoyage idéologique des faucons de Washington, en particulier l’assassinat de journalistes et la répression de la dissidence, non seulement sous le régime de Micheletti mais aussi sous celui de Lobo”.

Le président considère que le gouvernement d’Obama est dans l’obligation pressante de répondre “pour la violation des droits de l’homme au Honduras”. Zelaya souligne le paradoxe de la mention récente par les États-Unis que l’évaluation des droits de l’homme n’était pas un préalable à la discussion sur le retour du pays centraméricain au sein de l’Organisation des États Américains (OEA).

Dans le texte révélé par Wikileaks, l’ambassade des États-Unis au Honduras reconnaît qu’il n’a “jamais été démontré que le président Zelaya ait enfreint la loi” et affirme que l’argument selon lequel il voulait se perpétuer au pouvoir était “une pure supposition”.

Le document révèle que les arguments employés par Micheletti, les militaires et les politiques putschistes “n’ont pas de valeur substantielle” et ajoute que “certains sont ouvertement faux”.

Le rapport considère que plusieurs des mesures exécutées par les putschistes furent “clairement illégales” comme le fait que “les militaires ont chassé Zelaya du pays sans autorité pour le faire”, ce qui “a violé de multiples garanties constitutionnelles, dont l’interdiction d’expatriation, la présomption d’innocence et le droit à un procès légal”.

Les États-Unis sont le pays qui a le plus tardé à appliquer des sanctions à la suite du coup d’État contre le président Zelaya, alors que d’autres gouvernements comme ceux de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique (ALBA), et du Marché Commun (Mercosur), se sont prononcés immédiatement contre le coup d’État.

Au bout de 73 jours, les États-Unis avaient décidé de “suspendre” l’aide du Compte pur le Défi du Millénaire destinée au pays centraméricain, pour l’ordre de 11 millions de dollars, mais quelques mois plus tard la secrétaire d`État Hillary Clinton annonçait le rétablissement des relations et de l’aide financière au régime de Porfirio Lobo.

Source : www.telesurtv.net

Traduction : Thierry Deronne

jeudi 2 décembre 2010

Dedefensa : Amazon boycotte Wikileaks, boycottez Amazon …


Répondant au doigt et à l’œil aux injonctions vertueuses du temple de la corruption qu’est le Congrès US, Amazon.com (Amazon) a brutalement boycotté Wikileaks, mettant l’organisation d’Assange dans une position difficile pendant une demi-journée, notamment au niveau du service électronique. Un mouvement de boycott d’Amazon.com se dessine actuellement, selon une circonstance où Internet a l’occasion de montrer sa liberté de manœuvre et sa position antisystème.

Antiwar.com donne un résumé de l’affaire, sous la plume de Jason Ditz, le 1er décembre 2010. Bien que n’étant pas dans une position florissante, Antiwar.com, selon une logique et une détermination qu'il faut saluer, a décidé de boycotter Amazon.com en refusant désormais ses publicités (lesquelles lui rapportaient $10.000 par an). L’affaire est un bon exemple du dilemme et des conditions de la bataille que mènent les indépendants d’Internet contre le système. Quoi que l'on pense de Wikileaks, puisque certains émettent des interrogations à son propos, il s'agit ici d'une affaire fondamentale de principe confrontée à la violence, à l'arbitraire et à la sauvagerie du pouvoir politique au service du système, tout cela relayé sans état d'âme par un grand groupe de vente en ligne.

dedefensa.org



Boycott Amazon.com

Earlier today, Amazon.com took down the cloud servers that were being used by WikiLeaks to serve their site. One of the products Amazon sells is space on their cloud servers at a very competitive rate. Thousands of websites, including WikiLeaks, use their service.

Amazon.com gave no notice to WikiLeaks. Normally, in an ethical and legal business relationship, notice is given when contracts are terminated to allow for smooth transition. In fact, if WikiLeaks had chosen to terminate the contract with Amazon, they would have been required to give 30 days notice.

Amazon.com gave no such notice, they just unplugged the servers. As a result, WikiLeaks was down for several hours today.

Why did they do this? Amazon.com got a call from Senator Joe Lieberman who threatened to start a boycott. Other officials reportedly leaned on Amazon. I can understand Amazon’s fear of the government, but that is no excuse to unethically target a customer without notice.

In the past year, Antiwar.com has received about $10,000 from Amazon.com for referrals on the sale of books and merchandise. We cannot continue to profit from or deal with Amazon.com. We are removing the Amazon ads and book widgets from our website, and urge other supporters of WikiLeaks to join the boycott.

Antiwar.com

lundi 29 novembre 2010

Emmanuel Todd : « Notre classe dirigeante n'est pas au niveau »


Entretien avec Emmanuel Todd (1/2)
envoyé par rue89. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

Emmanuel Todd (2/2)
envoyé par rue89. - L'actualité du moment en vidéo.
Le mouvement contre les retraites a réjoui l'historien Emmanuel Todd : selon lui, c'est le signe que « la France est toujours là » , un peuple capable de dire à sa classe dirigeante qu'elle se trompe (...) La suite sur Rue89

lundi 15 novembre 2010

Le sarkozysme : une histoire de chiens


De Villepin et son anecdote "chien" Fillon - Sarkozy
envoyé par thony911. - Regardez les vidéos des stars du web.

Excellent Dominique De Villepin qui nous livre ici une succulente anecdote qui en dit long sur la personnalité de celui qui tente vainement de nous faire croire depuis 3 ans qu'il est président de la République.
Deux minutes de vérité télévisuelle qui compensent largement l'inutile et couteux fatras communicationnel sarkozyste qu'on nous présente depuis près de 6 mois comme un "remaniement".

Une pensée pour ce pauvre labrador au passage...

PS : pour ceux qui voudraient voir l'intégralité de son intervention (fort distrayante au demeurant) => LIEN

vendredi 5 novembre 2010

Emmanuel Todd: «Obama n’a pas tiré l’Amérique de son bourbier»

A la veille des élections de mi-mandat, la situation de Barack Obama et des démocrates apparaît très inconfortable. D’où vient le désenchantement? Démographe et auteur d’un fameux essai sur «la décomposition du système américain», Emmanuel Todd se penche sur le grand corps malade de l’Amérique.

Arrivé à mi-mandat, Barack Obama a réalisé une bonne part de son programme: réforme du système de santé, retrait d’Irak, mesures destinées à moraliser Wall Street… Comment expliquer alors son impopularité?
C’est très bien qu’il ait pris ces mesures, mais elles n’ont pas remis sur pied l’économie américaine. Les Etats-Unis se traînent dans une dépression de longue durée, avec des taux de chômage qui ont rejoint les niveaux européens. Elu dans un climat de panique économique, Barack Obama n’a pas tiré l’Amérique de son bourbier et il est donc tout à fait normal qu’il ne soit pas populaire. Mais il y a aussi une part de non-dit dans sa situation. Même si personne n’en parle, la question de la couleur de peau reste présente dans le subconscient américain. Toute analyse de la popularité d’Obama devrait en tenir compte.

Son élection avait été pourtant un grand symbole d’intégration raciale. Il ne reste rien de l’élan qui l’avait porté à la présidence?
Il était aberrant de penser que l’arrivée au pouvoir d’un président noir aurait signé la fin de l’organisation raciale de la société américaine. Le racisme est loin d’avoir disparu. Quand on travaille sur les questions d’assimilation, on s’aperçoit, par exemple, que les taux de mariages mixtes restent très faibles. Et la crise économique n’arrange rien. Pour que la machine d’intégration fonctionne, il faut que la machine économique fonctionne aussi pour aspirer les nouveaux immigrés et assurer une mobilité sociale ascendante. Mais quand l’économie se grippe, les derniers arrivés restent en bas.

Le premier président noir des Etats-Unis n’est donc pas arrivé au bon moment?
Son problème, c’est qu’un soupçon de différence ne cesse de peser sur lui. Comme il doit toujours prouver qu’il est bien un Américain standard, sa main est faible. A cet égard, il est tout le contraire d’un Franklin Roosevelt dont la famille avait déjà donné un président aux Etats-Unis. En 1932, il avait été élu à la présidence sur un programme qui n’avait rien de radical. Et s’il a été capable de faire virer la machine économique pour l’engager dans les grandes réformes du New Deal, c’est précisément parce qu’il provenait du cœur de l’establishment. Obama n’a rien de tout ça. C’est un type étonnant, d’une intelligence supérieure. Mais il n’est pas le mieux placé pour faire virer le système en période de crise: le centre gauche aurait été plus efficace avec un président issu de l’establishment.

A l’inverse, cette situation a favorisé l’essor du mouvement populaire des «Tea Parties» qui dénonce l’«étatisme» et le «collectivisme» d’Obama.
Le «Tea Party» illustre sur un mode hystérique les tendances régressives que l’on trouve dans la société américaine. Elles sont culturellement profondes. En travaillant sur les Etats-Unis, j’avais noté, par exemple, la stagnation des niveaux éducatifs. Pour être honnête, je dois toutefois ajouter que ces tendances régressives s’observent aussi dans d’autres pays. Naguère, les Français pouvaient encore se dire que les Américains étaient vachement bizarres… Mais avec le président qu’on a en France, avec l’allure que prennent l’UMP et le débat absurde sur l’intégration des immigrés, je n’oserais plus dire que l’Amérique est très différente de l’Europe.

Que pensez-vous de la thèse que développe Ariana Huffington dans un livre qui a choqué l’Amérique: «Thirld World America»? Selon elle, les Etats-Unis seraient engagés dans un processus de tiers-mondisation…
Cette idée nous ramène au tournant historique majeur que nous vivons. Avant la crise, le discours des ultralibéraux consistait à dire: «Nous avons lancé une révolution économique dure mais géniale; les inégalités de revenus augmentent, mais cette hausse est compensée par l’élévation globale du niveau de vie et, au final, tout le monde sera bénéficiaire.» Désormais, on est entré dans une phase où les inégalités continuent à augmenter alors que le niveau de vie d’une bonne partie de la population commence à baisser. Dans ce contexte, je ne suis pas surpris qu’apparaissent des prédictions catastrophistes comme celles d’Ariana Huffington. En Europe, on connaît ça. En France, notamment, on ne manque pas d’intellectuels «déclinistes» ou dépressifs. Mais si l’on considère que la civilisation américaine était caractérisée par l’optimisme, cela marque une sacrée inversion de tendance!

Dans votre livre de 2003 sur la «décomposition du système américain», «Après l’empire», vous écriviez que les Etats-Unis constituent un «facteur de désordre international». Vous maintenez ce jugement?
Même si Obama a intensifié la guerre en Afghanistan, la politique extérieure des Etats-Unis a perdu sa dimension hystérique. En revanche, l’Amérique reste un facteur de désordre par son système économique qui est au cœur du système mondial. Mais je pourrais en dire autant de l’Europe où se trouve le véritable centre de gravité industrielle du monde, et non aux Etats-Unis. Cette Europe est un espace de non-décision, en cours de désintégration, avec une Allemagne qui n’est plus solidaire de personne. En ne jouant pas le rôle qu’elle pourrait jouer avec son potentiel économique et technologique, l’Europe participe, elle aussi, au désordre du monde.

Vous ne faites donc plus guère de différences entre l’Amérique et l’Europe?
La crise économique a marqué la fin d’une époque. Désormais, ça patine de la même manière des deux côtés de l’Atlantique, ce qui nous permet de mieux comprendre les Américains. Ce que tous les acteurs économiques ont compris, sauf peut-être les économistes eux-mêmes, c’est que les plans de relance ne relancent guère que l’économie des pays émergents: dans une économie ouverte, si vous recréez de la demande dans des pays à taux de salaires élevés, c’est l’économie chinoise, indienne ou brésilienne que vous allez relancer. Le problème de l’Europe, c’est qu’elle est incapable de se penser de façon autonome et de s’organiser. Il y a chez elle une volonté de croire contre vents et marées à la centralité des Etats-Unis. Après le déclenchement de la crise financière, à l’automne 2008, les Européens se sont précipités à Washington pour participer à un sommet du G20: c’est un peu comme si des gens attaqués par des gangsters n’avaient rien de plus pressé que d’aller prendre un verre chez ceux qui viennent de les dévaliser!

* Gallimard réédite ces jours-ci «Après la démocratie» d’Emmanuel Todd en format de poche: Folio actuel numéro 144, 320 p.

France et musulmans
Dans un message audio qui vient d’être rendu public par la chaîne Al Jazeera, Ben Laden menace pour la première fois la France. Que vous inspire ce changement de cible?

A l’époque où se profilait la guerre d’Irak, la France était en pointe contre l’intervention, mais elle a fait volte-face. Il y a eu cet incroyable chassé-croisé: alors que Barack Obama a choisi la voie d’une plus grande modération à l’égard du monde musulman, Nicolas Sarkozy s’est mis à parler plus brutalement que les Etats-Unis. On l’a vu à propos de l’Iran. Mais il y a aussi un discours sarkozyste hostile à la Turquie. Et, en France, une politique de désignation des musulmans comme boucs émissaires. Cette confrontation à hauts risques avec le monde musulman peut être qualifiée d’antinationale et on pourrait dresser la liste de ses effets négatifs. A commencer par le fait que la France se fait prendre des otages dans sa zone d’influence africaine. Et maintenant, cerise sur le gâteau, Al-Qaida la désigne comme l’ennemi principal. C’est le résultat de Sarkozy qui est tout à fait incompétent en politique internationale. En face de lui, il a des gens qui sont certes des terroristes, mais qui lisent la presse et savent parfaitement ce que dit la France.

Ben Laden et Todd
Ils lisent la presse, mais aussi vos livres… En 2007, Ben Laden s’était référé à votre essai «Après l’empire» dans un de ses messages. Vous en savez un peu plus sur ce qui a pu le pousser à y faire allusion?

Je n’en sais pas plus et je ne veux pas en savoir plus! Mais vous vous rendez bien compte que si les gens autour de Ben Laden ont attiré son attention sur les modestes ouvrages d’un petit chercheur français comme moi, ils savent a fortiori ce que fait Sarkozy. L’idée que la France puisse mener une politique antimusulmane à l’insu d’Al-Qaida est totalement folle.

Michel Audétat - Le Matin Dimanche

jeudi 4 novembre 2010

American Dream (Endgame)


"Dans une aristocratie d'argent sans industrie, c'est-à-dire sans moyen de créer de nouvelles richesses, chacun cherche la richesse dans la seule voie qui puisse suppléer à la production, dans la spoliation. Le pauvre devient toujours plus pauvre, le riche toujours plus riche." Michelet, Histoire romaine, vol.II, 1833.

Huit ans après la parution d'Après l'Empire et douze ans après celle de l'Illusion économique, Le Monde découvre grâce à Arianna Huffington l'état de délabrement des infrastructures et de la société des états-soit-disant-unis.
Une entrevue d'Annick Cojean pour Le Monde :

Arianna Huffington : "Les Etats-Unis se délabrent"

samedi 23 octobre 2010

Todd chez FOG


Un Emmanuel Todd au meilleur de sa forme dans l'émission "Semaine Critique" de Franz-Olivier Giesbert.
Après avoir administré le "baiser de la mort" à Bruno Le Maire, îlot d'intelligence inexplicablement perdu dans l'océan de connerie gouvernementale sarkozyste, notre héros sans peurs et sans reproches éparpille la folle hystérique Elisabeth Levy, dessoude le démagogue Manuel Valls (que j'aime à surnommer "Vallskozy") et renvoie dans les cordes la boxeuse laïcarde intégriste Caroline Fourest.

Un pur régal à consommer sans modération.

Lien : Semaine Critique du 22/10/2010 avec Emmanuel Todd

(Màj : Attention, la vidéo de l'émission n'est visible que pendant 7 jours!)

jeudi 21 octobre 2010

L'oreal, une saga bien Française


Découvrez la merveilleuse histoire de Dédé l'arroseur, Lili Mise-en-plis, Riri la praline, Floflo chapeau pointu et, bien sur, le président Speedy Gonzalez dans cette superproduction holywoodienne réalisée par Jacob Berger et produite par la Télévision Suisse Romande.

Parce qu'ils le ch'vauchent bien!

mercredi 20 octobre 2010

Les centrales syndicales sont-elles nucléaires ?

Le Monde a dressé une cartographie des mouvements syndicaux.

Le Monde vient de publier une carte très intéressante : c’est celle des manifestations du 19 octobre contre le projet de retraite. Il s’agit des manifestations qui interviennent au moment où la crise devient paroxystique, c’est-à-dire au moment où les personnes les plus engagées sont prêtes à aller jusqu’au bout. Et que voit-on ? Qu’il s’agit principalement des villes situées dans la Bretagne maritime, dans le sud-ouest et la région lyonnaise.

Cette carte calque étonnamment avec les zones de « familles souches » de la carte qu’Emmanuel Todd a dressé des structures anthropologiques des familles françaises. Rappelons-le, elles sont au nombre de 4 :

- la famille nucléaire absolue, qui est à la fois libertaire et inégalitaire ;
- la famille communautaire, qui est autoritaire et égalitaire ;
- la famille souche, qui est autoritaire et inégalitaire ;
- la famille nucléaire, qui est libertaire et égalitaire.

Les manifestations les plus fortes ont donc lieu dans les zones à « familles souche », où prédominent des comportements inégalitaires et autoritaires. Ces structures anthropologiques sont aussi présentes en Allemagne (elles y prédominent), en Suède, en Corée et au Japon. On comprend bien que c’est le vieux capitalisme qui craque. Le capitalisme autoritaire et paternaliste (celui du XIXe siècle) qui cède le pas au capitalisme financier et « libéral ». Qui est désarmé face à lui.

Qu’en est-il du reste de la France ? Il s’agit principalement d’une zone englobant le Bassin parisien élargi. Elle est à structure « nucléaire » (égalitaire et libertaire) et non pas « nucléaire absolue » (libertaire et inégalitaire), comme le sont les pays anglo-saxons qui se sont donnés à fond au libéralisme économique. En France, seule la Bretagne intérieure est de structure « nucléaire absolue » et ne joue qu’un rôle économique mineur. Il va donc falloir observer comment réagit le pays « nucléaire » en France dans l’évolution de la crise. Car s’il emboîte le pas au pays « souche », s’il y a une alliance (contre nature) entre les égalitaires et les autoritaires pour rejeter le libertarisme économique attaché à l’idéologie sarkoziste, alors le gouvernement a du souci à se faire. Et nous entrerons dans une crise dure comme la France en connaît tous les trente ans.

Xavier Théry (Causeur)

vendredi 15 octobre 2010

"Notre société ressemble de plus en plus à celle de l'Ancien Régime"


Banquier d'affaires chez Rothschild, ancienne plume de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, Hakim El Karoui, 39 ans, fait partie des nouvelles élites françaises. Il publie Réinventer l'0ccident. Essai sur une crise économique et culturelle (Flammarion, 17 euros, 241 pages, à paraître le 13 octobre), dans lequel il analyse ce qu'il appelle "la désoccidentalisation" du monde. Dans l'entretien qu'il a accordé au Monde, il analyse les peurs de la société française, sans verser dans le pessimisme. Extraits




Par quoi les classes moyennes se sentent-elles fragilisées ?


Par l'organisation actuelle de la mondialisation qui ne leur laisse pas de place. Depuis 20 ans, nous assistons à une polarisation sociale extrêmement forte : de plus en plus de riches, de plus en plus de pauvres et de plus en plus de gens qui ont le sentiment d'être en voie de déclassement social. Dans la mondialisation il y a des gagnants – ceux dont la compétence est de niveau mondial – et des perdants – ceux qui n'ont plus leur place dans les nouveaux processus de production. On essaye de les gérer mais c'est difficile….

La crise économique aggrave-t-elle ces phénomènes ?

Oui, parce qu'il ne s'agit pas seulement d'une crise financière, comme on voudrait le laisser penser. L'origine de la crise se trouve dans l'endettement excessif des ménages américains et européens. Pendant des années, on a remplacé les salaires par l'endettement – public ou privé, selon les pays.

Ce système a explosé avec la crise et il faut donc s'attendre à ce qu'en Occident les classes moyennes et populaires expérimentent une baisse inédite de leur niveau de vie. Or, tant que les gouvernements européens n'auront pas trouvé les moyens de relancer les salaires, ils seront tentés de trouver dans le populisme, de droite ou de gauche, la justification de leur existence. A droite, on joue sur la xénophobie ; à gauche, sur la haine des patrons présentés comme des voyous.

Vous comparez la France actuelle à la société d'Ancien Régime. Pourquoi ?

Nous ne sommes pas dans une société pyramidale comparable à celles des pays émergents. Mais notre société ressemble effectivement de plus en plus à celle de l'Ancien régime avec une base très large, une petite élite et une masse assez importante de personnes – des avocats, des médecins à honoraires libres, des professionnels des loisirs… – qui travaillent pour la petite élite au sommet.

Le reste de la société est entraînée vers les emplois de service peu qualifiés payés 40 % de moins que les emplois industriels. Qui occupera ces emplois de services ? Les plus fragiles, femmes, jeunes et enfants d'immigrés.

Dans ce contexte difficile, le système français d'intégration des immigrés fonctionne-t-il ?

Oui, je le crois, malgré les apparences. Nous n'intégrons pas les immigrés, nous les assimilons. Du coup, plus le système fonctionne, plus les différences s'estompent parce que les immigrés sont devenus des Français comme les autres. Ce modèle crée de l'anxiété parce qu'on voit toujours ce qui va mal et jamais ce qui fonctionne. Or, lorsqu'on observe globalement les populations issues de l'immigration, on se rend compte qu'en termes de réussite scolaire, de mariages mixtes, de comportements démographiques, de progression sociale, les évolutions sont positives.

Propos recueillis par Luc Bronner et Cécile Prieur (Le Monde)


La désoccidentalisation du monde a commencé. L’Occident qui se croyait surpuissant se découvre déficient. Aux conséquences de l’arrogance (guerre en Irak, crise financière, péril climatique) succèdent les crises de l’impuissance (incapacité politique, crise identitaire, crainte des classes moyennes). L’angoisse gagne les Occidentaux. Pourquoi s’inquiéter de l’avenir d’un Occident ? Parce que, nous répond Hakim El Karoui, l’Occident a deux faces : la face sombre, certes, mais aussi la face claire, celle qui a fait de lui le creuset des idéaux de liberté et de démocratie en lesquels les Occidentaux doivent continuer à croire. Mais alors que faire et par où commencer ? D’abord, prendre la mesure exacte de cette désoccidentalisation du monde, de l’impuissance économique et symbolique dans laquelle sont plongés l’Europe et les États-Unis. Ensuite, comprendre que ceux qui sont souvent désignés comme coupables ne sont pas les ennemis de l’Occident. Le monde arabe en général et la rive sud de la Méditerranée en particulier, à l’issue de la crise de transition qu’ils traversent, seront des vrais partenaires. La Chine, elle, construit une nouvelle Grande Muraille économique et politique avec l’Asie du Sud-Est, qui impose à l’Europe et à l’Occident de réinventer un projet. Soucieux d’expliquer le monde qui vient sans le filtre des clivages idéologiques convenus, réfléchissant à toutes les échelles, nourri d’économie, de géopolitique, mais aussi de littérature, cet essai d’analyse et de conviction fait entendre une voix originale dans le débat public.

samedi 9 octobre 2010

Barack fustige l'argent étranger qui finance les campagnes électorales... Aux USA!


Lors d'un discours dans le Maryland, Barack Obama a pointé le "danger pour la démocratie" que représenterait selon lui, l'afflux supposé "d'argent étranger" pour financer les campagnes électorales aux états-(soit-disant)-unis.

Et la, j'ai envie de dire, tel le "djeuns" de base : ROTFL Barack!

...Barack, si je peux me permettre de te donner un conseil, commence d'abord par supprimer les budgets du National Endowment for Democracy et de l'USAID, deux organisations notoirement connues pour leur travail d'influence sur les élections, voire même les coup-d'états dans les états étrangers (ne parlons même pas de la CIA). Alors, tu auras peut-être une (infime) chance que nous te prenions au sérieux.

Et, au fait, Barack, puisque tu es si attaché à la démocratie, qu'attends-tu pour reconnaitre le résultat des élections démocratiques en Palestine, par exemple ?

jeudi 7 octobre 2010

American Dream (Slight Return)


USA: les pompiers refusent d'intervenir

Les pompiers d'une petite ville dans l'ouest du Tennesse ont laissé brûler une maison parce que le propriétaire n'avait pas payé sa cotisation annuelle de 75$ pour bénéficier des services des soldats du feu, révèlent les médias américains. En quelques heures, sa maison a été détruite par les flammes. Les chiens et le chat de la famille sont décédés.

En colère, le fils de la famille s'est présenté à la caserne de la ville et a frappé le chef des pompiers.

lefigaro.fr

samedi 2 octobre 2010

OOOps! Pardon aux familles, tout ça...

On se souvient de l'enquête de Hank Albarelli au sujet des expériences menées dans le cadre du projet MK-NAOMI au cours desquelles la CIA intoxiqua sciemment la population d'une petite ville française (Pont-Saint-Esprit) afin de tester l'intérêt du LSD comme arme de destruction massive. Les médias français, s'ils parlèrent un peu de l'affaire (très peu, en fait) se dépêchèrent de l'oublier et de changer promptement de sujet. Gageons que nous n'entendrons pas non plus beaucoup parler de ces nouvelles révélations de Susan Reverby sur les "expérimentations médicales"(*) effectuées sur la population du Guatemala ainsi que sur des noirs américains à peu près à la même époque. C'est un peu comme pour la tentative de coup d'état et d'assassinat contre le président équatorien Rafael Correa, à peine abordée par les médias télévisuels français alors même que l'on nous gave à longueur de reportages, tous plus orientés les uns que les autres, à propos des soit-disant méfaits des régimes "autoritaires" voire "dictatoriaux" des "tyrans" Chavez ou Ahmadinejad. Reste que le gouvernement US à présenté officiellement ses excuses au Guatemala (les habitants de Pont-Saint-Esprit, eux, peuvent toujours attendre) pour ces exactions dignes du docteur Mengele. Ça leur fait une belle jambe! (*)Remplacer le terme "médical" par "militaire" pour approcher un peu plus de la vérité.

vendredi 1 octobre 2010

Correa libre!


Les troupes fidèles au président Correa l'ont libéré de l'hopital de la police de Quito où il était séquestré par les policiers putschistes!
Il semblerait que le coup d'état soit un échec.

Tentative de coup d'état en Equateur


Un troisième coup d'état est en cours contre un pays membre de l'Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), un groupe de nations latino-américaines qui s'opposent à l'hégémonie US et ont créé un nouveau système d'échange et d'intégration basé sur la solidarité et l'indépendance face à toutes les formes d'impérialisme.

Les militaires putschistes prennent le contrôle de l'aéroport de Quito

En 2002, un coup d'état des forces d'opposition soutenues par Washington a brièvement évincé Hugo Chavez du pouvoir au Venezuela. Le coup a échoué grâce à la population vénézuélienne qui s'est soulevée, refusant de voir détruire la démocratie. Chavez est revenu au pouvoir deux jours plus tard. Depuis, le Venezuela a subi de nombreuses tentatives de déstabilisation, des sabotages économiques, la guerre psychologique – tant à l'échelon national que dans le monde entier – la fraude électorale, des tentatives d'attentat contre le Président Chavez et une campagne médiatique internationale pour décrire le Venezuela comme une dictature. Ce week-end, les forces d'opposition, financées et soutenues par les agences américaines, ont récupéré des postes clé au sein de l'appareil d'état; une plate-forme d'où ils peuvent intensifier leurs efforts en vue de provoquer un changement de régime.

En juin 2009, le Président hondurien Manuel Zelaya a été renversé par un coup d’état soutenu par l'administration d'Obama et promu par les forces de droite et militaire au Honduras. Depuis lors, le Honduras n'a jamais retrouvé sa démocratie. Zelaya reste en exil.

Rafael Correa

Aujourd'hui, c'est au tour de l'Equateur d'être la victime d'un putsch contre le Président Rafael Correa, un chef d'état solide et courageux qui a évincé la base militaire américaine de son pays l'année dernière et a pris une position ferme contre le modèle économique capitaliste américain. Les forces de sécurité se sont soulevées contre son gouvernement, soutenues par des organisations politiques financées par l'USAID et la National Endowment for Democracy.

L'ex-président Guttierez, le probable chef occulte du coup d'état

Une réunion d'urgence a été convoquée par l'ALBA et les nations de l'UNASUR en Argentine jeudi soir. La vie du président Correa était en danger jeudi, alors qu'il était séquestré par les putschistes.

Le président Correa, actuellement séquestré à l'hôpital de la police de Quito

Après le Vénézuela et le Honduras, c'est une nouvelle tentative de détruire l'ALBA, cette alliance qui dérange si fortement les visées des forces impérialistes à l'œuvre en Amérique Latine.

Manifestations de soutien au président Correa à Quito

Le peuple équatorien est mis à l'épreuve et devra lutter seul pour sauver sa démocratie.

mardi 21 septembre 2010

Todd chez Taddei


Ce soir Frédéric Taddei recevra le démographe Emmanuel Todd pour la "revue de presse du mardi" de son émission "Ce soir ou jamais" sur France 3.
A ne pas rater!

samedi 18 septembre 2010

For Ever


Goodnight sweet prince; and flights of angels sing thee to thy rest!
(W. Shakespeare)

Il y a 40 ans, un des plus grands artistes du XXe siècle nous quittait pour aller donner des leçons de guitare à Dieu.
Mais on aurait tort de réduire Hendrix à la guitare, il est bien plus que cela. Il est aussi et surtout un poète immense dont la dimension lyrique est très largement sous-estimée quand ce n'est pas carrément ignorée. C'est une grave erreur. Il est l'égal des plus grands de la littérature par la simple beauté et la puissance prophétique de ses textes.
Rares sont les hommes qui ont la grâce divine en eux, et leur passage sur terre est souvent trop court...


jeudi 16 septembre 2010

Affaire Sakineh : chronique d'une manipulation


Le scandale Sakineh
par Thierry Meyssan*

L’essayiste Bernard-Henry Lévy et le président Nicolas Sarkozy ont mobilisé l’opinion publique française pour sauver de la lapidation une Iranienne accusée d’adultère. Submergés par leur émotion les Français n’ont pas pris le temps de vérifier cette imputation, jusqu’à ce que Dieudonné M’bala M’bala se rende à Téhéran. Sur place, il s’avère que tout est faux. Thierry Meyssan revient sur cette spectaculaire et bien imprudente manipulation. (suite...)

mardi 17 août 2010

L'Union Européenne quitte l'OMC en claquant la porte!


Suite à une énième condamnation de l'OMC, cette fois au sujet des taxes sur certains matériels électroniques, l'UE à définitivement claqué la porte de l'organisation. "Qu'ils aillent au diable! Nous avons un marché intérieur de 500 millions de consommateurs et nous n'avons pas besoins de leurs leçons!" a déclaré le représentant de l'Union. Les taxes incriminées seront triplées et une nouvelle série de taxes à l'importation sera votée dans la foulée sur toutes sortes de produits qui sont déjà fabriqués à l'intérieur des frontières européennes...

PS : Malheureusement, tout ceci est bien sur totalement faux et n'est pas près d'arriver.
Enfin... C'est l'été, on peut rêver, quoi.

mardi 3 août 2010

Israël : Vacances actives pour les jeunesses liebermanniennes


Il est de bon ton, dans la bonne société israélienne, de ne pas laisser les adolescents désœuvrés pendant les vacances au risque de les voir se laisser pousser les cheveux et se livrer à la débauche dans les rave-parties, en se déhanchant frénétiquement aux sons démoniaques de la Trance Goa.
Alors, pour éviter ce désolant état de fait, la Garde Civile Israélienne organise des stages de nettoyage ethnique dans le désert du Neguev où ces chères têtes blondes peuvent sainement et utilement mettre à profit les connaissances acquises durant l'année scolaire de façon pratique.

« Camp d’été de destruction » : des lycéens israéliens aident à raser une ville bédouine
Un article de Max Blumenthal
Le 26 juillet, la police israélienne démolissait 45 bâtiments du village bédouin non reconnu d’al-Arakib, rasant totalement le village pour faire place à une forêt du Fonds National Juif. La destruction faisait partie d’un projet plus large d’expulser la communauté bédouine du Néguev loin de ses terres ancestrales pour l’implanter dans sept communes, type réserves indiennes, que le gouvernement israélien a construites à cette fin.
(Lire la suite...)

jeudi 15 juillet 2010

Eric Raoult, député UMP, affiche ses priorités


Quand le parti au pouvoir envoie ses clowns de service faire la retape dans les rassemblements communautaires, cela donne des moments d'anthologie.

Bonnes vacances à Eilat, Raoult, on se revoit à la rentrée!

jeudi 8 juillet 2010

Où est passé la fierté nationale française ?


Au moment ou le parlement s'apprête à voter une loi islamophobe, hypocrite et liberticide, dite "loi sur la burka", avec l'assentiment tacite de ce qu'on appelle "la gauche", Jean Bricmont s'interroge sur la dualité si singulière du nationalisme français.
Notons, au passage, que Bricmont n'est pas français mais belge, ce qui est en soi une éclatante démonstration de ce qu'il écrit.

Merci Jean. Merci la Belgique.


Quelques remarques sur le nationalisme français

Par Jean BRICMONT

S’il y a un préjugé fort répandu dans l’extrême-gauche française, ainsi que chez de nombreux étrangers, c’est que les Français sont très nationalistes. Un incident récent permet néanmoins de s’interroger sur la nature de ce "nationalisme".

Un article du magazine Rolling Stone rapporte des propos non démentis du général américain Stanley McChrystal, au moment où il dirigeait encore les forces de l’Otan en Afghanistan. En visite à Paris, McChrystal déclare à son entourage qu’il préfère « se faire botter le cul par une salle remplie de gens que d’aller à ce dîner ». Après qu’il soit parti, le journaliste demande à un de ses assistants avec qui le général va dîner. Réponse : « Un ministre français - c’est un foutu truc de pédés » ("It’s fucking gay", en anglais).

Suite à cet article, McChrystal a été démis de ses fonctions par Obama. Mais bien entendu pas pour ses propos peu élégants sur ses alliés français, mais pour d’autres remarques désobligeantes visant de hauts responsables américains, y compris le vice président américain Joe Biden.

À ma connaissance, ces propos n’ont suscité aucune réaction en France – ni protestation officielle, ni scandale médiatique. Or, vu l’impact exceptionnel de cet article aux Etats-Unis (le remplacement de McChrystal par Petraeus comme commandant en chef de la guerre en Afghanistan), il est difficile de croire que les journalistes et les services diplomatiques français n’en n’aient pas eu connaissance.

Que dit Libération, si prompt à traquer l’homophobie quand elle émane de « beaufs français », de « cathos tradis », ou de musulmans ? Rien. On ne va quand même pas attaquer le grand frère américain et la patrie du capitalisme.

Résumons : des soldats français se battent et parfois meurent en Afghanistan, en réponse aux appels insistants des Etats-Unis, et sous le commandement d’un général américain qui préfère « se faire botter le cul » plutôt que d’aller dîner avec un ministre français. Et cela ne suscite pas un murmure de protestation de la part des autorités politiques, des journalistes ou des excités de « l’identité nationale ».

Où est passé la fierté nationale française ?

En réalité, le nationalisme français a eu, depuis 1789, une nature duale. A cause de sa radicalité, à la fois antireligieuse, antiféodale et égalitariste, la Révolution française a souvent joué un rôle symbolique par opposition aux autres « révolutions bourgeoises », anglaise ou américaine. Au moins jusqu’en 1917, ce sont les idéaux de cette révolution qui servirent de référence à presque tous les contestataires de l’ordre établi et, dans beaucoup d’endroits hors de France, elle fut l’emblème de l’opposition aux oppressions religieuses et féodales et même, parfois, coloniales.

A cause précisément de cela, les réactionnaires et les cléricaux du monde entier ont vu la France de la révolution comme la bête à abattre, au moins symboliquement. Et, en France même, la version de droite du nationalisme s’est appuyé sur tout ce qui, dans l’histoire de France, faisait penser à autre chose qu’à la révolution de 1789 : la longue histoire de la monarchie, les deux Napoléon, l’empire colonial, la fille ainée de l’Eglise, etc. Du point de vue de ce nationalisme, il fallait que la France se repentisse de son exception historique révolutionnaire et devienne une nation « comme les autres », certains de ces « nationalistes » prenant modèle sur l’Allemagne, d’autres sur l’Angleterre, et aujourd’hui, presque tous sur les Etats-Unis. Le Sacré Coeur de Montmartre voulait expier les pêchés de la Commune. Le pétainisme était un régime de repentance – pour les « folies » du Front populaire, et trouvait son inspiration dans les régimes fascistes qui dominaient, avant 1940, presque toute l’Europe, sauf la France.

Bien entendu, tous les nationalismes ont quelque chose de mythique et d’intellectuellement indéfendable - pourquoi être fier d’être né ici et pas ailleurs ? Mais pas plus que les religions, qui sont souvent encore plus irrationnelles. En gros, il y a deux sortes d’instincts qui poussent l’être humain vers l’irrationnel : l’un est l’invention de causes imaginaires (qui engendre religions et superstitions), l’autre le sentiment d’appartenance à un groupe (qui engendre le nationalisme). Les deux sentiments se combinant pour le pire dans les « identités religieuses ».

Mais alors que presque toute la gauche applaudit au rôle progressiste de la théologie de la libération et pour certains, de la résistance islamique (Hamas ou Hezbollah), presque personne ne veut admettre qu’il pourrait y avoir un aspect objectivement progressiste dans une certaine version du nationalisme français, celle qui était présente dans la Commune de Paris, le front populaire et la résistance. Un nationalisme, qui contrairement à sa version de droite, insiste sur la tradition issue de la Révolution, sur la singularité française et sur son indépendance. Un nationalisme qui, étant politique plutôt qu’ethnico-racial, ne s’oppose pas à un véritable internationalisme : il y avait plus d’opposition (même si on peut la juger insuffisante) aux guerres d’Indochine et d’Algérie dans le PCF de l’époque (qui était porteur de ce nationalisme progressiste) que d’opposition, dans toute la gauche actuelle, à la guerre en Afghanistan ou à l’alignement français sur l’état d’Israël. Une ironie de l’histoire veut que la gauche actuellement dominante soit issue idéologiquement de la “nouvelle gauche” des années 60, laquelle est née de la critique du PCF et, en particulier, de la mollesse de son opposition aux guerres impériales.

Mais ce nationalisme progressiste a aujourd’hui quasiment disparu, de même que le PCF, qui d’ailleurs se garderait bien aujourd’hui de défendre la souveraineté de la France comme il le faisait dans les années 1960, à l’époque où il avait encore un certain poids.

Le discours nationaliste est entièrement aux mains de la droite et consiste en une exaltation d’une identité éternelle et mythique, qu’on a essayé pitoyablement et en vain de “définir” – sans arriver à autre chose qu’à une vague islamophobie. Le PS suit, en ajoutant une dose de “laïcité” et de “droits de l’homme”, ou de la femme, plutôt rhétorique. Tout cela va de pair avec une soumission croissante envers l’étranger — les Etats-Unis, Israël ou la bureaucratie européenne. Mais à la gauche du PS, la « riposte » consiste à insister encore plus sur l’auto-dénigrement. C’est-à-dire que ce qui domine aujourd’hui sont précisément les deux faces du pétainisme : prendre exemple sur l’étranger et dénigrer la spécificité française. Le paradoxe, c’est qu’une bonne partie de la gauche, souvent celle qui se croit la plus « antifasciste », assume le rôle de dénigreur, en refusant de percevoir la nature duale du nationalisme français.

En fait, c’est autour de Mai 68, mouvement dont la nature politique était ambigüe, qu’on est passé d’un nationalisme objectivement progressiste (gaullo-communiste), car accompagné d’avancées sociales et opposé à l’hégémonie américaine, à l’auto-dénigrement réactionnaire ; le changement de paradigme étant symbolisé par deux films : celui qui incarne le mythe résistancialiste, "L’armée des ombres", et celui qui a inauguré la religion de la culpabilité, "Le chagrin et la pitié". Sous Pétain, la France devait se repentir des crimes du front populaire ; aujourd’hui elle doit se repentir des crimes de Pétain (et, pour certains, du colonialisme). Mais aucune politique progressiste ne pourra jamais se fonder sur la culpabilité et la haine de soi.

Les discours de De Gaulle à Moscou ou à Phnom Penh dans les années 1960, ou celui de Villepin à l’ONU en 2003, semblent avoir disparu dans les poubelles de l’histoire. Des pays bien moins puissants que la France, comme le Venezuela, Cuba ou l’Iran, tiennent tête aux Etats-Unis et suscitent, comme la France l’a parfois fait dans le passé, l’admiration des peuples du monde.

Les conséquences de ce changement sont catastrophiques, à la fois à l’étranger et en France. Avant 1968, il aurait été impensable d’envoyer des troupes françaises combattre sous commandement américain, par exemple au Vietnam. Si un personnage politique avait suggéré une telle chose, il aurait été dénoncé comme "valet de l’impérialisme américain" par toute la gauche. Aujourd’hui, personne n’oserait utiliser cette expression "désuète" et "stalinienne" pour parler de Sarkozy. Pourtant, rhétorique mise à part, c’est exactement ce qu’il est.

Sur le plan intérieur, on ordonne aux gens issus de l’immigration d’aimer la France (ou, sous-entendu, de la quitter). Mais comment aimer un pays qui ne s’aime pas lui-même ? Qui se soumet aux puissants et qui méprise les faibles ? Qui combat la burqa et accepte les propos de McChrystal ?

Ce n’est que si la France renoue avec ce qui fit, dans le passé, sa véritable grandeur, la liberté de sa pensée, son idéal égalitariste et l’indépendance de sa politique, qu’elle sera acceptée par tous ses citoyens et redeviendra une source d’inspiration pour le reste du monde. Mais aucune force politique, et malheureusement pas la gauche de la gauche, n’est prête aujourd’hui à contribuer à cette entreprise.

Jean Bricmont
6 juillet 2010.