mercredi 29 janvier 2014

Richard Sitbon présente la révolution mondiale par la Torah et le Talmud

Richard Sitbon
Richard Sitbon, économiste, directeur au ministère du Trésor israélien, nous expose dans son livre « L’économie selon la Bible » (Editions Eyrolles) sa vision de la révolution "socialiste" du XXIeme siècle. Un socialisme adapté au néo-libéralisme et à la mondialisation, libéré des carcans du vieux socialisme poussiéreux de grand-papa, mort et enterré sous les ruines du mur de Berlin, mais miraculeusement ressuscité à l'ombre du mur des lamentations.

L'utilisation du mot "Bible" ne saurait nous induire en erreur, car ici, il s'agit bien de judaïsme. L'on ne trouvera dans cet ouvrage aucune référence au Nouveau Testament, par contre la Torah et le Talmud sont omniprésents.
 
Contrôle complet des individus via la mise en place d'un assistanat généralisé et l'interdiction de toute contestation sociale*, organisation du temps de travail selon les règles du repos sabbatique, communautarisme extrême calqué sur le tribalisme des temps bibliques...

Un exposé qui a le mérite d’être clair.


Lire l'interview de Richard Sitbon :


* « Le solidarisme talmudique nous propose alors, puisqu’il n’y a plus de lutte des classes, une union basée sur une plus grande responsabilité du travailleur, qui évite toute mobilisation sociale ou mouvement de contestation et qui contribue à une plus grande productivité ainsi qu’à la paix sociale ». Richard Sitbon (P.228)

mardi 28 janvier 2014

La Shoah : Religion d’Etat ?

La campagne du gouvernement français, des grands médias et des organisations influentes pour faire taire l’humoriste franco-camerounais Dieudonné M’Bala M’Bala ne cesse de révéler une coupure radicale dans la perception que les Français ont du comédien mais aussi sur d’autres questions.
Par Diana Johnstone

Le Blasphème en France laïque 

La « mobilisation » officielle, annoncée par le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls à l’Université d’Eté du Parti Socialiste en août dernier, se poursuit en accusant le comédien d’utiliser ses spectacles pour semer la haine contre les Juifs. Son geste de la « quenelle » (*) serait un « salut nazi renversé ».
Son public rejette ces accusations.

Probablement l’effet de la controverse qui, jusqu’à présent, a été le plus significatif, est la prise de conscience croissante du fait que la Shoah fonctionne comme religion officieuse d’Etat en France.
Exprimant son commentaire sur l’affaire le 10 janvier sur RTL, Eric Zemmour a tancé Valls pour avoir oublié la liberté d’expression tout en se présentant comme un homme de gauche. « C’est la gauche qui nous a appris depuis mai 68 qu’il est interdit d’interdire, c’est la gauche artistique qui nous a enseigné qu’il fallait choquer le bourgeois. C’est la gauche antiraciste qui a fait de la Shoah la religion suprême de la République… ». Produit de la gauche, Dieudonné provoque, d’après Zemmour, la « bourgeoisie bien-pensante de gauche ».

Admettant que Dieudonné fait des plaisanteries "antisémites", Zemmour juge qu’il était « grotesque et ridicule de faire de M’bala M’bala un nostalgique du troisième Reich ». Le comédien, dit-il, « reproche aux juifs de vouloir conserver le monopole de la souffrance et de voler aux descendants des esclaves la primauté du malheur. »

Il y a d’autres enjeux de plus grande portée. Rappeler la Shoah sert indirectement à justifier le rapprochement toujours plus fort entre la France et Israël en ce qui concerne la politique au Moyen Orient. Dieudonné s’est opposé à la guerre contre la Libye au point de montrer sa solidarité en visitant le pays sous les bombes de l’Otan.

Dieudonné a commencé sa carrière en tant que militant antiraciste. Au lieu de s’excuser lors des protestations contre son sketch de 2003 critiquant un «  colon sioniste extrémiste », Dieudonné a, pendant les années qui suivirent, graduellement élargi la sphère de ses parodies pour y inclure la Shoah elle-même. On peut voir la campagne actuelle pour le faire taire comme un effort visant à réaffirmer le caractère sacré de la Shoah en réprimant une forme contemporaine de blasphème.

Comme s’ils voulaient confirmer cette impression, le Parquet de Paris et le Mémorial de la Shoah ont conclu une convention le 9 janvier selon laquelle tout auteur d’une infraction antisémite âgé d’au moins 13 ans pourra désormais être condamné à effectuer un stage de sensibilisation à l’histoire de l’extermination des Juifs. L’étude des génocides est censée inculquer « les valeurs républicaines de tolérance et de respect pour autrui ».

Et si c’était le contraire de ce qu’il faudrait faire ? Le Procureur de Paris ignore peut-être les jeunes qui prétendent avoir subi trop, au lieu de pas assez, d’éducation sur la Shoah ?

Exceptionnellement, un article du Monde du 8 janvier a cité des opinions qu’on peut facilement entendre de la part de jeunes, si l’on veut bien les écouter. Soren Seelow a interviewé une dizaine de jeunes admirateurs de Dieudonné, issus de la classe moyenne, politiquement modérés, souvent de gauche et qui se défendent de tout antisémitisme. Ils font remonter la « sacralisation » de la Shoah à leurs cours d’histoire à l’école, dont ils gardent un souvenir pesant.

Nico, 22 ans, étudiant en droit à la Sorbonne, qui vote à gauche, rappelle : « On nous en parle depuis la primaire… A 12 ans, j’ai vu un film où des tractopelles poussaient des cadavres dans des fosses. Nous subissons une morale culpabilisatrice dès le plus jeune âge. » Etudiant en master en langues, Guillaume, également âgé de 20 ans, se plaint : «  La Shoah, on en a mangé jusqu’à la terminale. Je respecte ce moment de l’histoire, mais pas plus que d’autres. »

En plus des cours, certains professeurs organisent des commémorations, des pèlerinages à Auschwitz. Les articles, les films, les documentaires sur la Shoah remplissent les loisirs.

De très nombreux messages reçus de Français, ainsi que de nombreuses conversations, me convainquent que pour beaucoup de personnes nées quelques décennies après la défaite du nazisme, la mémoire de la Shoah est ressentie comme une invitation à la culpabilité, ou, pour le moins, à un sentiment de malaise en ce qui concerne des crimes qu’ils n’ont pas commis. L’exigence de solennité obligatoire peut imposer un silence gêné. On accueille alors le rire comme une libération.

Mais pour d’autres, un tel rire est une abomination.

Les condamnations de Dieudonné, résultant de procès entamés en général par la LICRA, telle une amende de 8.000 euros pour la chanson Shoananas, s’accumulent, pour le stigmatiser, et, en fin de compte, pour le ruiner financièrement.

“La Haine”

Dans le chœur politico-médiatique, on entend souvent que Dieudonné n’est plus un humoriste, mais tient plutôt des meetings politiques pour répandre « la haine ». Même le lointain New Yorker l’accuse d’être un médiocre comédien qui doit sa carrière à la diffusion de la « haine ». Cette allégation évoque des images très éloignées de ses spectacles ou de leurs conséquences.

On n’observait aucune haine parmi les milliers de spectateurs abruptement privé du spectacle pour lequel ils avaient payé leur place à Nantes le 9 janvier, suite à une décision du Conseil d’Etat confirmant le désir du Ministre Valls de l’interdire. Personne ne se plaignait de rater les frissons d’un meeting nazi. Personne ne voulait partir mener des rafles contre des juifs. Tout le monde regrettait de ne pas pouvoir passer une soirée de bonne humeur et de rires. Comme d’habitude, les spectateurs étaient un mélange de jeunes Français, généralement issus des classes moyennes. Le spectacle fut interdit pour éviter un «  trouble immatériel de l’ordre public ». Le public déçu se dispersa paisiblement. Aucun des spectacles de Dieudonné n’a jamais troublé l’ordre public.

Mais il n’y a aucun doute sur la haine virulente des adversaires de Dieudonné à son égard.

Le journaliste Philippe Tesson s’exclama sur Radio Classique : « Ce type, sa mort par un peloton de soldat me réjouirait profondément ! », avant d’ajouter que « c’est une bête immonde, donc on le supprime. C’est tout ! »

Au cours d’une leçon de théologie diffusée par internet, le rabbin Rav Hai Dynovisz, hostile à la théorie d’évolution de Darwin, « admettait » que la personne de Dieudonné avait montré que « certaines » personnes ont dû descendre des gorilles.

Deux adolescents âgés de 17 ans furent expulsés de leur lycée pour avoir fait le geste de la quenelle, accusés d’apologie de « crimes contre l’humanité ». Le magazine électronique franco-israélien JSSnews enquête sur l’identité de personnes ayant fait la quenelle dans le but de les faire renvoyer par leurs patrons.

Les propriétaires du petit théâtre parisien loué jusqu’à 2019 par Dieudonné, La Main d’Or, seraient revenus d’Israël en exprimant leur intention de l’en expulser.

Que je sache, la pire chose que Dieudonné ait dit sur scène fut une insulte personnelle proférée contre l’annonceur de radio Patrick Cohen. Celui-ci avait insisté longuement dans une émission de télévision que les organisateurs de débats télévisés devraient s’interdire d’inviter des « cerveaux malades » comme Dieudonné et Tariq Ramadan. Fin décembre, lorsque la campagne anti-Dieudo battait son plein, la télévision française (qui en effet ne l’invite plus depuis un moment) a diffusé une « vidéo volée » du comédien disant que, lorsqu’il entendait parler Patrick Cohen, il pensait aux « chambres à gaz… dommage… » Cette malheureuse sortie en réplique aux attaques virulentes contre sa personne fut naturellement saisie par tous ses adversaires comme typique du contenu de ses spectacles.

Que cela plaise ou non, l’irrévérence est l’outil principal des comiques qui se produisent en solo. Les allusions à la Shoah de la part de Dieudonné appartiennent à cette catégorie.

Dès qu’il s’agit d’autre chose que de l’Holocauste, il ne manque pas d’irrévérence en France.

Les religions traditionnelles, ainsi que des personnalités en vue, n’échappent pas aux caricatures dont la nature scatologique fait paraître la quenelle comme excessivement prude. En octobre 2011, la police parisienne a dû intervenir pour protéger, contre l’action de catholiques traditionnels indignés, une pièce d’avant-garde dans laquelle on faisait semblant de verser des excréments sur le visage de Jésus. Tout l’establishment politico-médiatique défendit la pièce, sans se soucier du fait que certains la trouvaient « blessante ».

Récemment, la France a accueilli à bras ouvert le groupe ukrainien des « Femen », jeunes femmes ayant apparemment appris les doctrines de provocation à des fins de déstabilisation de l’Américain Gene Sharp, et qui emploient leurs seins nus pour s’exprimer, politiquement disent-elles. On leur a rapidement accordés des papiers de résidence souvent difficiles à obtenir pour des travailleurs immigrés. Les Femen se sont installées dans le quartier le plus musulman de Paris, où elles se sont mises à essayer (en vain) de provoquer leurs nouveaux voisins ébahis. Une image de la chef du groupe embellit même le nouveau timbre-poste français, en guise de portrait de « Marianne », symbole de la République.

Le 20 décembre dernier ces « nouvelles féministes » ont envahi l’Eglise de la Madeleine en plein Paris pour y mimer « l’avortement de Jésus » avant d’uriner sur l’autel. On n’entendit pas de cri d’indignation des ministres du gouvernement français. L’Eglise Catholique se plaint, mais l’écho en est faible.

Pourquoi la Shoah doit être sacrée

Lorsque Dieudonné chante avec légèreté à propos de la Shoah, pour certains, il nie l’Holocauste tout en demandant sa répétition (une proposition contradictoire, si on y réfléchit). La nature sacrée de la Shoah est défendue en soutenant que garder vivante la mémoire de l’Holocauste est essentiel pour empêcher qu’il ne se reproduise. Cette suggestion d’une répétition possible entretient la peur.

Cet argument est largement accepté comme une sorte de loi de la nature. Nous devons continuer à commémorer le génocide pour l’empêcher de se reproduire. Mais où sont les preuves de cette affirmation ?

Rien ne montre que les rappels insistants d’un immense événement historique du passé empêche sa répétition. L’histoire ne fonctionne pas ainsi. Quant à la Shoah, il est insensé d’imaginer qu’elle puisse se reproduire, quand on pense à tous les éléments spécifiques qui l’ont produite. Hitler avait le projet d’établir la domination allemande sur l’Europe, en tant que race « arienne » de maîtres, et haïssait les Juifs en tant que groupe rival dangereux. Qui aujourd’hui mijote un tel projet ? Certainement pas un humoriste franco-africain ! Hitler ne va pas revenir, pas plus que Napoléon Bonaparte, Attila ou Genghis Khan.

Le rappel constant de la Shoah, dans les articles, les films, les discours, ainsi qu’à l’école, loin d’empêcher quoi que ce soit, crée une sort de fascination morbide pour les « identités ». Il encourage la « compétition victimaire ». Cette fascination peut produire des effets surprenants. Quelques 330 écoles parisiennes portent des plaques en commémoration des enfants juifs déportés dans les camps nazis. Comment les enfants juifs réagissent-ils à cela ? Trouvent-ils cela rassurant ?

Cette commémoration sert en tout cas Israël, qui entame actuellement un programme de trois ans pour encourager un nombre croissant des quelques 600.000 Juifs de France à partir pour Israël. L’année dernière, plus de 3.000 Juifs ont fait leur Aliyah, une tendance attribuée par l’European Jewish Press à « la mentalité de plus en plus sioniste de la communauté juive française, surtout parmi les jeunes, et une manifestation des efforts de l’Agence juive, du gouvernement israélien et des ONG, pour cultiver l’identité juive en France. »

« Si cette année nous avons vu l’Aliyah de la France augmenter de moins de 2.000 à plus de 3.000, j’attends avec impatience le jour où je verrai le nombre atteindre 6.000 et davantage dans un avenir proche, » a dit Natan Charansky, président de l’exécutive de l’Agence Juive pour Israël. Une façon d’encourager l’Aliyah est d’effrayer les Juifs en brandissant la menace de l’antisémitisme, en prétendant que les nombreux admirateurs de Dieudonné sont tous des nazis en herbe.

Quant aux Juifs qui veulent continuer à vivre en France, est-il vraiment sain de faire croire aux enfants juifs que, s’ils baissent leur garde, ils risquent un jour d’être poussés dans des trains pour Auschwitz ? N’est-ce pas une forme de maltraitance de l’enfance ?

Quelqu’un qui le pense est Jonathan Moadab, journaliste indépendant âgé de 25 ans, interviewé par Soren Seelow. Moadab est à la fois juif pratiquant et anti-sioniste. Enfant, il a été amené à visiter Auschwitz. Il raconte à Seelow que vivre avec cet « endoctrinement victimaire » avait engendré un « syndrome de stress pré-traumatique ».

Selon Jonathan Moadab, « Les blagues de Dieudonné sur la Shoah, comme sa chanson Shoananas, ne visent pas la Shoah elle-même, mais l’instrumentalisation de l’Holocauste décrite par le politologue américain Norman Finkelstein ».

Le 22 janvier, sur son site Agence Info Libre, Jonathan Moadab a ouvertement appelé à la « séparation entre l’Etat et la religion de l’Holocauste ». Le professeur Yeshayahu Leibowitz d’origine lettonne de l’Université hébraïque a probablement été le premier à suggérer que l’Holocauste était devenu la nouvelle religion juive, dit-il. Si cela est vrai, tout le monde a certainement le droit de pratiquer la religion de la Shoah. Mais doit-elle être la religion officielle de la République Française ?

La classe politique française ne cesse de célébrer la « laïcité » de la République. Le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls, qui proclame sa fidélité à Israël, parce que sa femme est juive, a récemment qualifié la Shoah de « sanctuaire qu’on ne peut pas profaner ». Or, dit Moadab, si « la Shoah est un sanctuaire », alors l’Holocauste est une religion, et la République n’est pas laïque.

L’esprit des jeunes en France change. Ces changements ne peuvent pas être attribués à Dieudonné. Ils sont dus au passage du temps. L’Holocauste est devenu la religion de l’Occident à une époque où la première génération née après la Deuxième Guerre Mondiale était d’humeur à culpabiliser leurs parents. Aujourd’hui nous avons affaire aux petits-enfants, ou aux arrières petits-enfants, de ceux qui ont vécu cette époque, et ils veulent regarder vers l’avenir.

Aucune loi ne peut arrêter ce processus.
 
Paris, 24 janvier 2014

Diana Johnstone peut être contactée à
diana.johnstone@wanadoo.fr
(*) Pour ceux qui ne la connaissent pas, la quenelle est un geste plutôt vulgaire, une variation du “bras d’honneur”, avec une main placée en haut de l’autre bras dirigé vers le bas. Le comédien avait introduit ce geste il y a des années, dans un autre contexte, pour exprimer le ras-le-bol.
Traduction et source : Diana Johnstone

vendredi 24 janvier 2014

Du 9/11 à Dieudonné: l'alignement parfait


Quel est le dénominateur commun entre les événements du 11 Septembre 2001, la liquidation de Kadhafi, la guerre en Syrie ou le lynchage de Dieudonné? Réponse : l'alignement parfait, uniforme et zélé des médias sur la narrative du pouvoir. En un peu plus d'une décennie, de Washington à Paris, nous avons ainsi assisté à l'incorporation, à l'assimilation complète des médias «qui font l'opinion» par la machinerie du Système.
La servitude est totale, consentie, et les voix discordantes sont combattues avec une rage d'autant plus haineuse que les arguments et/ou la raison font défaut, que le mensonge à propager est gros. Avec l'affaire Dieudonné, on a pour la première fois invoqué «l'atteinte à la cohésion nationale» pour justifier la censure. C'est une étape significative dans l'avènement de cette société de l'obéissance en devenir, où «cohésion» rime avec nivellement, avec soumission




Du contrôle de l'opinion à celui de la contestation 

La machine à écraser les différences, à niveler les opinions, est désormais bien rôdée : mobilisation générale des serviteurs-en-chef de tous les JT et grands titres «qui font l'opinion»; uniformité parfaite du discours; dramatisation à outrance des événements; déformation des faits et mensonges; isolement et attaque en meute des éventuels contradicteurs. Plus la couleuvre à faire avaler est grosse, plus la mobilisation doit être bruyante, hystérique, assourdissante pour empêcher toute nuance, forcer l'alignement. 

Dans l'affaire Dieudonné, la machine a été saisissante d'efficacité. En quelques semaines, l'humoriste n'était plus qu'un simple «antisémite» déversant un «discours de haine» contraire «aux valeurs de la République», sa quenelle n'étant même, diagrammes et graphiques à l'appui, qu'un «salut nazi inversé». Du gros, du lourd donc, du définitivement incontestable. 

Dans son «arrêt Minority Report», le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative française, a même puisé dans des cas vieux de 80 ans pour justifier la réintroduction de la censure et, surtout, a invoqué pour la première fois la notion «d'atteinte à la cohésion nationale». 
Peut-on imaginer concept plus dangereux juridiquement parlant que celui «d'atteinte à la cohésion nationale» pour justifier une interdiction? En faisant jurisprudence, cet arrêt éminemment politique du Conseil d'Etat ouvre désormais toutes les portes au pouvoir pour faire interdire ou censurer artistes, militants ou même partis, pourquoi pas, qui menaceraient donc la «cohésion nationale». 

Désormais, ce n'est plus seulement le contrôle de l'opinion que le Système vise, mais celui de la contestation avec, en ligne de mire notamment, la liberté encore offerte sur Internet. 

Le patron de l'Express, Christophe Barbier, a donné le ton : « 
Ca se régule, aussi, internet. Entre nous, les Chinois, ils y arrivent bien. Si les dictatures y arrivent, il faut que les démocraties fassent l'effort, aussi, de faire respecter la loi sur internet, sinon, ce sera dictature ou dictature.»
L'argument fait froid dans le dos. 

De la critique d'Israël au conspirationnisme 

Comme nous l'avions relevé dans notre précédente brève, d'aucuns appellent déjà à l'interdiction de l'antisionisme radical, c'est-à-dire l'interdiction de la critique d'Israël, qui serait la source de l'antisémitisme moderne donc. 
Mais sur France2, l'écrivain Marc Edouard Nabe a déjà désigné la prochaine cible en estimant que le problème de fond, c'était finalement.... le «conspirationnisme». 

Ecoutons-le :
«Le fléau aujourd'hui, le vrai fléau, c'est le conspirationnisme... C'est-à-dire la transformation de la vision du monde. C'est-à-dire la fausser à la base pour que les gens et les naïfs puissent s'y perdre et reconsidérer tous les évènements de la réalité. C'est un travail néfaste et satanique sur la vérité.»
La boucle est bouclée. 

Remettre en cause la version officielle des évènements, la narrative, est en effet le dernier «fléau», le dernier «travail néfaste et satanique» que le Système devra tôt ou tard juguler pour préserver SA narrative, SA vérité sur les événements de SA réalité. 

L'essence totalitaire du Système 

La dérive se confirme et s'accélère donc. 

Pervertie jusqu'à la nausée, la démocratie libérale dans sa version ultime n'est plus qu'un faux-nez du Système dont l'essence est résolument totalitaire. Comme nous l'écrivions en citation dans notre essai «Pourquoi notre Hyper-Titanic va couler», «l'avènement de la société libérale interdit en effet l'alternative. Les divergences de pures formes, qui opposent ce que l'on nomme les «sensibilités politiques», se discutent à l'intérieur du statuquo qu'elle [la société libérale] impose. C'est à cela que se réduit l'opposition. Dans une société qui prétend pourvoir de manière satisfaisante aux besoins du plus grand nombre, l'opposition n'a en effet plus aucune raison d'être, elle est même une menace pour la collectivité.» 

Le débat peut donc être singé à l'intérieur du cadre fixé par le Système, par exemple dans l'opposition gauche-droite traditionnelle, étant entendu qu'en l'espèce, «la gauche» est devenue un sous-programme de la droite pour gruger les pauvres et endormir les idéalistes. 
Il n'y a désormais plus qu'un parti possible, celui du Système, une seule vérité, celle du Système, une seule vertu, celle du Système. 
Le Monde, Le Figaro, L'Express, Le Nouvel Obs ou Libé ne nous disent plus autre chose. 

PS : heureusement, il y a des discours de haine licites 

Les seules contestations que le Système tolère encore est celles qui, comme les «sensibilités politiques», s'inscrivent dans le cadre qu'il fixe. Vous pouvez donc déverser un discours de haine contre Dieudonné, en appelant même à son exécution physique, le Système vous regardera avec bienveillance. 

Le militantisme par le cul, type Femen, est aussi très tendance, et vous pouvez donc déverser votre discours de haine sans dommage sur la communauté catholique en profanant des lieux saints, le Système vous regardera avec bienveillance, car la déconstruction du message religieux sert ses objectifs nihilistes. 

Vous pouvez bien évidemment déverser votre discours de haine sur la communauté musulmane, le Système vous regardera avec bienveillance, car la déconstruction du message religieux sert ses objectifs nihilistes. 

Vous pouvez déverser votre discours de haine sur le judaïsme..., enfin..., non..., finalement ça..., ça va pas être possible

Mais vous pouvez déverser votre discours de haine sur les conspirationnistes, sur ceux qui incitent à «reconsidérer les évènements d'une réalité» tronquée, le Système vous regardera avec bienveillance puisque vous participerez à l'affirmation de SA narrative.

entrefilets

dimanche 19 janvier 2014

Les élites françaises ont honte de la France

L'ancienne directrice de l'ENA, députée de l'Aisne apparentée au groupe socialiste, livre ici un regard très critique sur le rapport des classes dirigeantes françaises à notre nation. De sa fréquentation des politiques à celle des élèves des grandes écoles, Marie-Françoise Bechtel a rapporté de nombreuses anecdotes édifiantes.


Marianne : Vous venez d'affirmer dans un entretien publié dans l'Expansion que «la spécificité française tient surtout à la détestation des élites envers la nation». Pouvez-vous préciser cette pensée et la justifier par quelques exemples ?

Marie-Françoise Bechtel : C'est une idée qui me poursuit depuis assez longtemps. Je me souviens l'avoir soutenue pour la première fois dans un entretien accordé à Joseph Macé-Scaron dans le Figaro fin 2000. Je lui avais dit que j'étais très frappée de voir à quel point les élites britanniques étaient fières de leur nation. Aujourd'hui, pour moi, c'est plus que jamais un constat absolu et évident. Les élites françaises ont honte de la France, ce qui n'empêche qu'elles peuvent avoir un comportement extrêmement arrogant, même si cela peut paraître paradoxal. Je cite souvent l'exemple de Jean-Marie Messier. Ce pur produit des élites françaises avait qualifié les Etats-Unis de «vraie patrie des hommes d'affaires», et ce, juste avant de s'y installer. Ici, le propos est chimiquement pur. Toutes les élites ne sont pas aussi claires, mais beaucoup n'en pensent pas moins.

Ça ne fait qu'un exemple !

M.-F.B. : Je peux vous en trouver des dizaines. Prenons celui des grands patrons dont les groupes investissent à l'étranger et qui se soustraient au versement de leurs impôts en France. Vous ne pouvez pas dire que ce sont des comportements patriotiques... Total ne paie quasiment pas d'impôts en France. Bien sûr, à l'étranger, nombreux sont les groupes qui ont les mêmes comportements, mais ils savent être présents quand leur pays a besoin d'eux. Regardez aussi la façon dont on traite les commémorations de la guerre de 1914-1918 : les élites, dont le PS, incriminent les nations. On oublie que les peuples ne voulaient pas la guerre, et que c'est le déni de la nation qui nous entraîne aujourd'hui dans une Europe qui ne cesse de faire monter l'extrême droite. Autre exemple qui m'a été raconté de première main et qui illustre ce mélange de déni et d'arrogance. Dans les négociations européennes de 1997 à 1999, en vue de la conclusion du traité de Nice, Pierre Moscovici, alors ministre délégué aux Affaires européennes, avait traité les petits pays avec une morgue incroyable, coupant la parole aux uns, leur demandant d'abréger leur discours, exigeant que le représentant de la Belgique se taise. C'est ce même Pierre Moscovici, toute son action le démontre, qui est persuadé que la nation française a disparu, que nous sommes devenus une région de la grande nébuleuse libérale et atlantisée.

Face à ça, dans cette période de crise, en France, le peuple se replie sur la nation, et comme on lui interdit d'être fier de son pays, qu'à longueur d'émission de télévision on lui explique que la France est une nation rance et sur le déclin, il prend le mauvais chemin, une mauvaise direction. Tous ces petits messieurs font le jeu du Front national. (...)


...La suite :

vendredi 17 janvier 2014

Jacques Sapir : « L’Allemagne a détruit le marché de la zone euro »


Pour Jacques Sapir, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et auteur de l’ouvrage Faut-il sortir de l’euro[1], la réussite de l’Allemagne tient beaucoup au fonctionnement de la monnaie unique, au détriment des pays du sud de l’Europe.
Depuis plusieurs années, avec la campagne pour l’élection présidentielle 2012 en point d’orgue, la quasi-totalité de la classe politique parle d’un modèle allemand vers lequel la France devrait tendre. Qu’est ce que ce modèle ?
L’Allemagne n’est pas un modèle : on ne peut parler de modèle que si on peut le généraliser. Or, on constate que les solutions qui ont été adoptées en Allemagne ne peuvent fonctionner que parce que les pays qui l’entourent ne les ont pas adoptées. C’est la différence de l’Allemagne qui fait son succès, si tout le monde l’imitait, ce serait un échec généralisé.
Pourquoi?
Parce que l’Allemagne a appliqué dans le cadre de la zone euro une politique de cavalier solitaire. Alors que tous les pays procédaient à des relances économiques à partir de 2002, l’Allemagne a décidé de baisser ses salaires, c’est à dire de reporter sur les ménages toute une partie des charges qui étaient payées par ses entreprises, réduisant ainsi sa consommation. Elle a pu le faire parce que, dans le même temps, la consommation des pays qui l’entourent continuait d’augmenter. Si tout le monde avait appliqué la méthode allemande, cela aurait créé une crise gravissime dans la zone euro dès 2003/2004. On voit bien qu’il y a quelque chose de non généralisable.
Vous mettez aussi en avant la démographie déclinante de l’Allemagne…
Il y a une divergence massive entre la France et l’Allemagne : quand il y a 650 à 680 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi en France, il y en a moins de 350 000 en Allemagne. Nous avons calculé ce que serait le taux de chômage de l’Allemagne si elle avait la même dynamique démographique que le France : elle aurait 1,5 à 2 millions de chômeur en plus. L’Allemagne peut se permettre d’avoir une politique qui est un succès, de court terme, uniquement parce qu’elle est dans une démographie déclinante. Or, des pays qui ont une démographie aussi différente que l’Allemagne et la France, avec un taux de fécondité de 1,6 contre 2,05 – ce qui est une différence énorme – sont contraints, par l’euro, d’avoir la même politique économique.
Vous dites que la sortie de l’euro est inévitable. En quoi l’économie allemande tire avantage de la monnaie unique?
Avant l’euro, il y avait une tendance à la réévaluation du deutschemark. Les pays voisins, comme la France ou l’Espagne, dévaluaient régulièrement leur monnaie. L’euro a gelé les taux de change aux niveaux qu’ils avaient en 1999. Or, on constate que même avec une politique monétaire qui est la même pour tous, l’inflation est très différente selon les pays. Concrètement, l’Allemagne bénéficie d’un taux de change de l’euro inférieur à ce que serait le taux de change normal du deutschemark, parce qu’il est dans la même zone monétaire que l’Espagne ou l’Italie. Cela lui donne un avantage considérable pour exporter vers les pays hors de la zone euro. Quand on regarde le solde positif de la balance commerciale allemande, on voit que jusqu’en 2010, il a été majoritairement fait sur la zone euro ; puis, ayant épuisé et de fait, détruit le marché de la zone euro, l’Allemagne, depuis 2011-2012, redéveloppe massivement ses exportations en dehors de la zone euro. Des pays comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal n’ont plus d’argent pour payer les produits allemands. On est face à un système extraordinairement pervers, dangereux pour tous ces pays et qui est une véritable dynamite politique, car on voit monter une haine envers l’Allemagne en Europe.
Selon vous, l’euro fort a empêché les pays d’Europe du sud de profiter de leurs avantages comparatifs et de se développer?
L’euro fort est par exemple au cœur de la crise grecque : jusqu’à 2003, la Grèce avait un déficit public, mais un déficit extérieur extrêmement faible. Il y avait des exportations agricoles vers la Bulgarie, la Roumanie et vers la Hongrie ; des exportations industrielles vers le Moyen-Orient, et surtout, la Grèce était le chantier naval de tout l’est du bassin méditerranéen, grâce à une vieille tradition d’expertise dans la réparation navale. Tout ceci a disparu avec l’euro fort, car les produits et services grecs sont devenus plus chers. Les compagnies maritimes (celles qui payaient leurs impôts) le faisait en dollar. Quand l’euro s’est apprécié de 35% par rapport au dollar, pour le gouvernement, ça a été une perte de revenu fiscal d’autant.
Il existe aussi des distorsions de concurrence avec l’Allemagne, qui bénéficie d’une absence de salaire minimum et de la main d’œuvre des pays de l’Est. On demande aux agriculteurs français d’être plus compétitifs, alors qu’ils sont déjà, techniquement, parmi les meilleurs du monde. Comment construire l’Europe dans un tel contexte?
Il y a quelque chose d’assez inquiétant en Allemagne qui est la dynamique des salaires : il y a très peu de chômage mais il y a entre 6 et 8 millions de travailleurs pauvres. Et là se pose la question de savoir si on peut harmoniser le coût du travail : c’est possible, mais par le bas, et ça provoque des dommages extrêmement élevés. Il faudrait, pour faire fonctionner un système hétérogène en matière de lois sociales, de protections sociales, de salaires, l’équivalent des montants compensatoires monétaires (des taxes aux exportations), qui ont fonctionné en Europe dans les années soixante. Mais il y a un vrai souci en matière de politique agricole : quel type d’agriculture voulons-nous réellement développer ? La politique agricole française, en dépit d’un discours sur la qualité, reste essentiellement une politique axée sur la quantité, avec des mécanismes de subvention qui, dans le moyen terme, avantagent les plus gros agriculteurs. Nous n’échapperons pas, dans quelque système que nous nous trouvions, dans l’euro ou hors de l’euro, à une remise à plat de cette politique agricole, avec la question de savoir si on axe notre agriculture sur des biens exportables – pourquoi pas, mais dans quelles conditions, où sur une agriculture de qualité, avec des circuits commerciaux qui le permettent. Je pense qu’on ne peut pas concevoir une politique agricole de manière séparée d’une politique des réseaux de distribution. En réalité aujourd’hui, une partie de l’argent qui va aux agriculteurs ne fait que transiter dans les fermes et va dans la poche des grands distributeurs. Il faudrait réserver dans toutes les agglomération des places pour les coopératives de producteurs : on peut le faire, mais il faut en avoir la volonté politique, qui va se heurter aux centrales d’achats. On pourrait peut-être imaginer le fait d’imposer à toutes les grandes surfaces de réserver 20% de leur surface de vente alimentaire à des producteurs paysans, à de bonnes conditions.
Le ministre parle volontiers de relocaliser l’agriculture, mais le pendant politique, avec de vraies mesures qui protègeraient nos marchés et nos agriculteurs, a du mal à émerger… 
L’exemple même en a été donné par l’écotaxe, qui est dans son principe une excellente idée, mais qui a été dans son application quelque chose de tout à fait effroyable : ca veut dire qu’un produit qui vient de Dordogne sur Paris sera plus taxé que des prunes du Chili qui sont débarquées à Roissy. C’est absolument absurde ! Ca ne veut pas dire qu’il faut renoncer à l’écotaxe, il faut en changer le mode de calcul. On peut imaginer un système avec un coût très faible pour moins de 300 kilomètres, qui monte très fortement de 300 à 800 km, et qui devient prohibitif au delà. Ce serait déjà un début de solution.
Sur ce sujet, que vous inspire le mouvement des bonnets rouges?
C’est un objet de sciences sociales extrêmement intéressant. Il a comme déclencheur une révolte antifiscale, vieille tradition en France. Mais quand on regarde les structures sociales, on voit un vrai problème de crise dans le grand Ouest. Cette région a connu une logique de développement plutôt favorable jusqu’à 2007-2008, mais est aujourd’hui en train de basculer dans la crise avec des phénomènes de paupérisation très brutaux, pas tellement dans les villes mais en périphérie et dans les petits bourgs. Il y a depuis quelques années la montée d’une vraie misère rurale, qui n’est pas nécessairement une misère paysanne. Très souvent, une ou deux entreprises sont les principaux fournisseurs d’emplois du bassin, et l’homme et la femme d’un couple travaillent parfois dans la même. Si elle ferme, qu’est ce qu’on fait ? Il y a aussi beaucoup de petites entreprises de moins de dix personnes, dans lesquelles la relation sociale est très différente d’entreprises plus grosses. Très souvent, une partie des employés est liée familialement au propriétaire : la femme fait la comptabilité, le beau-fils y travaille… Quand se pose la question de la survie de l’entreprise, il y a une coagulation des intérêts des employés avec le patron. Le niveau de vie d’un petit patron n’est pas fondamentalement différent de celui de ses employés. Cela permet de comprendre la création de cette espèce de solidarité sociale. Le mouvement des bonnets rouges est un vrai mouvement populaire. L’écotaxe a été le déclencheur, mais même sans, il serait apparu. Une autre chose importante est le rôle des femmes : que ce soit en qualité de militantes syndicales, d’agitatrices, elles sont en nombre important. Très souvent, c’est la femme qui va travailler dans la petite usine du coin alors que l’homme reste dans la ferme familiale. Il y a aussi une tradition culturelle de Bretagne périphérique, les femmes de marin sont celles qui tiennent la famille.

[1] Sapir J., Faut-il sortir de l’Euro ?, Paris, Le seuil, 2012 .

Source : BLOG RUSSEUROPE

samedi 11 janvier 2014

Interdiction de Dieudonné : La France qui dérape n’est pas celle qu’on nous montre du doigt



Par le Dr Christophe Oberlin

C’est au nom d’un état juif à majorité juive, censé accueillir les juifs du monde entier, que les autochtones, les Palestiniens sont martyrisés depuis soixante ans. Pourtant certains n’hésitent pas à condamner les Palestiniens, les Arabes en général, et tous ceux qui les soutiennent pour un « antisémitisme » supposé. Les Palestiniens devraient déclarer aimer les juifs et insister à tout moment sur la distinction entre juifs et sionistes. C’est évidemment déloyal. En 1942 les Français n’aimaient pas les « boches » et aucune association anti raciste n’a jamais protesté.


Lorsqu’on dit aujourd’hui en France « qu’on n’aime pas les Américains », tout le monde comprend qu’il ne s’agit évidemment pas de tous les Américains en tant qu’individus, mais qu’on désigne par-là la politique et les guerres américaines qui ont fait un million de morts en quelques décennies. Et « ne pas aimer les Américains », ne tombe pas sous le coup de la loi. Quand on dit qu’on n’aime pas les Corses, ce n’est évidemment pas très intelligent, mais tout le monde comprend qu’on entend par là une certaine ambiance xénophobe qui règne en Corse. Ca ne tombe pas sous le coup de la loi.
Quand on dit qu’on n’aime pas les juifs, il est évident que cela désigne ceux qui soutiennent un état raciste dans ses lois et ses actes. Ce qui veut dire qu’on n’aime pas les juifs racistes, rien d’autre. C’est le message de Dieudonné. Et voilà qu’on voudrait faire tomber cela sous le coup de la loi. C’est déloyal et stupide.
J’ai personnellement des gens de ma famille qui sont morts en déportation. Quand Desproges dit « On se demande pourquoi les juifs se précipitaient à Auschwitz ? D’abord parce que c’était gratuit ! » C’est du deuxième degré, ça me fait rire, et ça ne porte en rien atteinte à la mémoire de ma famille. Quand quelqu’un se fait photographier devant Auschwitz en faisant une quenelle, ça ne porte pas atteinte à ma dignité ni à celle de ceux qui sont morts en déportation. Par contre c’est un geste fort à l’encontre de tous ceux qui tentent de masquer les crimes d’Israël derrière les crimes nazis. C’est à eux que ce discours s’adresse.
Et voilà que nos politiques, les plus tristes que la France ait connus depuis longtemps, voudraient expliquer à un humoriste ce qui est drôle et ce qui ne l’est pas ! Et on voudrait nous faire croire que les millions de personnes qui rient sont des idiots ou des antisémites, y compris ceux qui soutiennent les Palestiniens dans leur lutte contre l’apartheid ! C’est méprisant, et aussi effrayant. Et les commentaires à sens unique de nos radios et télévisions nationales donnent le frisson.
Ceux qui condamnent Dieudonné n’ont pas assisté à ses spectacles, et n’ont pas réalisé qui est son public : un public de jeunes, extraordinairement diversifié, qui représente une France fraternelle, fondamentalement antiraciste, la France de demain.
Alors il y a heureusement quelques poches de résistance dans les tribunaux. Et le jugement prononcé à Nantes, cassant l’interdiction d’un spectacle de Dieudonné, rassure. Toutes les barrières n’ont pas cédé.
Et voilà qu’un juge unique du Conseil d’Etat, sur simple convocation du gouvernement, dans un texte d’une pauvreté affligeante, dépourvu du moindre fondement juridique, impose son opinion à toutes les lois existantes, à tous les arrêts précédents français et européens !
La France qui dérape, elle est là.

Christophe Oberlin
10 Janvier 2014

Christophe OBERLIN, né en 1952. est chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris ; il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige régulièrement des missions chirurgicales en Palestine, particulièrement dans la bande de Gaza où il a effectué près d’une trentaine de séjours. Il est le coauteur avec Jacques-Marie Bourget de Survivre à Gaza, (éditions Koutoubia, 2009) la biographie de Mohamed al-Rantissi, le chirurgien palestinien frère du dirigeant historique du HAMAS assassiné par l’État d’Israël… Il est également le traducteur du livre Gaza, au carrefour de l’histoire du journaliste anglais Gerald Butt (aux éditions Encre d’Orient).

L'éditorialiste Tesson demande le peloton d'exécution pour Dieudonné


Nous y sommes déjà. Les choses vont décidément très vite de nos jours. Les plus hystériques des hyènes commentateurs de la communication-système commencent, comme prévu (voir fini la gaité) a réclamer l'élimination physique pure et simple de la "bête immonde". Bientôt, ils y joindront sa femme et ses enfants. Ne me dites pas "ils ne peuvent pas aller jusque la!". Pour ma part cela fait fort longtemps que j'ai cessé de croire que ces gens se posent de pareilles limites. Et puis les choses vont décidément si vite de nos jours...



mercredi 1 janvier 2014

Dieudonné : « Je veux aller en prison »

Comme le dit un commentaire : "une interview qui remet l'église au milieu du village"
Une interview exhaustive et indispensable du croquemitaine médiatique du moment. Un dangereux "rêveur de rêves", pourchassé par la vindicte des néo-pharisiens post-modernes, nantis du système.

Extrait :
FDC : Estimez-vous être un « pionnier » dans votre secteur : soit un artiste qui, par son travail et Internet, peut vivre de son art sans passer par la médiatisation positive des médias ?
D : Je m’aperçois de cela … Le système avait organisé quelques défenses qui aboutissaient, d’une certaine façon, à une séparation entre le monde du sérieux et celui de la dérision. Il y a d’abord eu Coluche qui a fait un peu trembler le premier monde. De par son investissement dans le champ politique qui a suscité un engouement. Malgré qu’il était complètement encadré par le système, Coluche a eu envie de s’amuser à un moment donné et il leur a fait peur… Après lui, se sont ouvertes les vannes du one-man-show, du spectacle humoristique et d’autres artistes ont pu s’exprimer. La grande différence avec Coluche et Desproges, c’est que je n’aurais pas « leur distanciation ». C’est ce que m’a reproché le dernier juge que j’ai vu. Ce magistrat à qui je faisais visiblement peur me parlait ensuite de « distanciation » (rire). Oui, au plus profond de lui-même, cet homme a peur de ce qui est en train de se passer et, effectivement, certaines personnes ont peur de moi…
Mais pour revenir à votre question, les tenants du système n’avaient pas vu que la sacralité du sérieux allait fondre comme neige au soleil, qu’allait apparaître une expression de la vérité qu’ils ne maîtrisaient absolument pas : l’humour. Drapés dans une posture historique, scientifique, professorale, ils nous expliquent qu’ils ont raison, que ce sont des gens sérieux et que le reste n’est que bouffonnerie. En fait, Ils n’ont pas vu que par la bouffonnerie arrivait l’expression de la vérité. Contre laquelle ils n’ont pas d’armes parce qu’ils ne sont pas drôles et n’arrivent pas à l’être. Souvent , certains disent : « la quenelle, ce n’est pas drôle : c’est vulgaire ! ». Or, d’une part, la vulgarité n’est pas le problème, d’autre part, pour certains comme Romain, la quenelle, c’est quelque chose de fort, de mystique. Contre ça, ils n’ont pas d’armes.
La grossièreté, c’est eux. La vraie vulgarité, aujourd’hui, elle est en cols blancs et  cravates. Elle parle bien, avec des mots ampoulés, parfaitement ciselés, mais il n’y a que du caca qui sort de ces idées. C’est-à-dire la supercherie, le mensonge, le vol, l’escroquerie. Ils ont un Dieu : l’argent. Et leur objectif est d’intégrer une sphère, une élite richissime, vivre entre eux tout en continuant à exploiter une partie de la population. Mais ils n’avaient pas anticipé la force du rire : la quenelle est un phénomène qui vient du rire, de la bouffonnerie. Même si c’est « je te la mets dans le cul », la quenelle ne sera jamais plus vulgaire que le discours de François Hollande, de Nicolas Sarkozy ou de ceux d’avant et de ceux d’après. La vraie vulgarité est démasquée par cette vulgarité potache et ils sont piégés.(...)
L'interview complète : FDC