dimanche 31 août 2014

Ukraine/Novorossia : Mozgovoï explique la réalité de la guerre aux journalistes



Déclaration d'Alexandre Mozgovoï, Commandant en chef des forces de la République Populaire de Lougansk :


Sous-titrage en français par Laurence Guillon

Ukraine/Novorossia : Aux négociations de Minsk, le vice-premier ministre de la RPD pourrait représenter la Novorossia

Andreï Pourguine

Selon les informations diffusées ce dimanche sur le site d'informations Vzgliad, conformément à ce qui fut annoncé à l'issue de la rencontre de Minsk, lundi 25 août, un  "groupe de contact" ayant pour objectif la "régularisation de la situation dans l'Est de l'Ukraine" va se réunir dès demain, lundi 1er septembre à Minsk.
La Fédération de Russie sera représentée par son ambassadeur à Kiev, Michaïl Zurabov, alors que l'ancien président Leonid Koutchma représentera l'Ukraine. Selon les informations disponibles pour l'instant, la Novorossia sera représentée, évidemment sans la nommer, par Andreï Pourguine, actuellement Vice-Premier Ministre de la République Populaire de Donetsk.
Andreï Pourguine fut en décembre 2005, avec Alexandre Tsourkane et Oleg Frolov, fondateur du mouvement "République de Donetsk", ayant pour objectif la création d'une République Fédérale de Donetsk. A noter qu'il fait l'objet d'un mandat du SBU (services de sécurité ukrainiens) et qu'il est inscrit sur la liste des personnes sanctionnées par les États-Unis.

Une information à mettre en parallèle avec l'intervention de Vladimir Poutine sur la première chaîne TV russe : « Il est nécessaire d'entamer immédiatement un dialogue substantiel et au contenu étoffé, non pas centré sur des questions techniques, mais sur les questions de l'organisation politique de la société et des structures d’État dans le Sud-Est de l'Ukraine, avec pour objectif la sécurisation inconditionnelle des intérêts légitimes des gens qui vivent là. »

Plongeant comme un seul homme sur le texte de l'AFP, nos journaux et sites officiels d'information nous expliquent que Vladimir Poutine veut créer un nouvel État au Sud-Est de l'Ukraine. Or, le mot utilisé (dont la langue française ne présente pas d'équivalent) peut se référer tant à l'architecture d’État, qu'il s'agisse d'une architecture fédérale, confédérale, ou à l'apparition d'un nouvel État. Le porte-parole officiel de Vladimir Poutine, Dimitri Peskov, a d'ailleurs pris la peine d'adresser, dès aujourd'hui après-midi, à la presse une mise au point: «Le Président Poutine a appelé à un dialogue intra-ukrainien intensif. Il n'a pas appelé à octroyer le statut d’État aux régions de Novorossia...»

On ne peut néanmoins s’empêcher de penser que la simple utilisation du terme "Novorossia" dans le communiqué de Peskov ouvre le champs des négociations à de vastes perspectives....

(NDLR : Merci au lecteur qui m'a signalé l'info)

vendredi 29 août 2014

Ukraine/Novorossia : SITREP des combats du 29.08.2014


La situation est très complexe avec de nombreux développements incessants. La situation sur le terrain évoluant à toute vitesse, une position prise par un camp peut etre reprise par l'autre puis reprise à nouveau en quelques heures à peine, particulièrement dans le Sud ou la situation est très fluide. Il faut tenir compte de ce fait en lisant ce SITREP.

 Offensive Sud :



1. Urzuf et Yalta ont été prises par les forces de la RPD et des partisans locaux. Qui plus est, on rapporte que les membres du bataillon Azov ont eu la mauvaise idée de traverser leur propre champ de mines en tentant de fuir précipitamment Yalta et ont subi des pertes graves. Escarmouches signalées depuis hier à Mangush, à 18km O de Marioupol.
 
2. Des unités de la RPD et des partisans ont repris hier soir la ville d'Osypenko, 60 km SO de Marioupol et à 15 km N de Berdyansk. Ils l'avaient perdue dans l'après-midi après l'avoir prise le matin et vont probablement la perdre encore aujourd'hui (et la reprendre à nouveau...).


3. La plupart des villes reconquises par les forces ukrainiennes hier dans les environs de Marioupol ont été de nouveau perdu la nuit dernière et ce matin. Bezimenne, 25 km E de Marioupol a été prise ce matin avec Makedonivka, à 15km N. On signale une puissante colonne de la RPD (plus de 60 véhicules blindés) en direction de Marioupol. 

4. Ce soir, les villes de Yourivka, Yalta et Azovsk, à 25 km au SO de Marioupol, sont sous contrôle de la RPD. Marioupol est maintenant effectivement encerclée. On estime qu'il y a 3.000 soldats ukrainiens et paramilitaires dans la ville. 
 
Donetsk et Chaudrons divers :



5. Dans le Chaudron 2.0, l'attaque de secours des renforts ukrainiens dans le secteur de Komsomolsk a été stoppée. Des unités de la RPD ont attaqué et partiellement repris Novotroitsk, à 35 km O de Komsomolsk. Cependant, la force de la RPD est légère et fait face à une attaque probable par l'O avec l'arrivée de renforts ukrainiens. L'attaque de secours ukrainienne en elle-même, cependant, semble être au point mort. Ce soir, l'attaque de secours reste arrêtée à Komsomolsk. On ne sait pas si le ukes ont l'intention de reprendre leur avancée, d'établir des positions ou attendent simplement des renforts. Ils sont, pour l'instant, encerclés par une ligne légère de forces de la RPD au sud et à l'ouest. À l'heure actuelle, les ukes semblent n'avoir pas bougés depuis leur tentative d'attaque de secours qui s'est enlisée hier soir près de Komsomolsk. Komsomolsk elle-même, sur la bordure orientale de poche de secours, est maintenant l'objet d'attaques, tout comme la ville de Styla.

6. Les forces de la RPD auraient pris la partie Est de Volnovakha. La barrière Ouest pour les forces de secours Ukrainiennes encerclées au S et SE de Donetsk est maintenant fermée



 
7. Dans la poche d'Amvrosiivsk, on rapporte que les forces de la RPD ont pris Blahodatne, à 10 km N d'Amvrosiivk et à 20 km au SE d'Ilovaïsk. Tir de barrage de l'artillerie lourde ce matin contre les troupes ukrainiennes encerclées au SE d'Ilovaïsk.

8. Une tentative des forces ukrainiennes pour sortir de la partie sud de la poche d'Amvrosiivsk a été contrecarrée dans le secteur de Voikovski, à 11 km SO d'Amvrosiivsk.

9. La ville de Mokrojelanchyk, sur le flanc sud de la poche d'Amvrosiivsk, à 8 km S d'Amvrosiivsk, est tombée dans les mains de la RPD.

10. On rapporte qu'un effort est fait pour couper le grand saillant d'Amvrosiivsk en deux parties - une poche au nord et une au sud.

11.Des opérations de ratissage ont lieu entre Ilovaisk et Pokrovka, à 9 km E d'Ilovaïsk. 
 

12. Les forces de RPD lancent une attaque sur la zone E de Gorlvoka dans la direction de Svitlodarsk, à 20 km au NE de Gorlovka. Cela pour permettre, à terme, de couper la principale route de ravitaillement pour les troupes ukrainiennes dans le saillant de Debaltsevo. (Nouveau chaudron en perspective)

Lougansk et alentours :


13. Ce matin à 08h17, une opération a commencé visant à éliminer les forces ukrainiennes (80e brigade aéromobile, bataillon Aïdar, et des éléments de 1ère Brigade blindée) situées dans la zone de l'aéroport de Lougansk-Loutouguino, à 15 km au S de Lougansk.

14. Il a été rapporté que des forces de la RPL ont capturé la tour de télévision de Loutouguino, 17 km SO de Lougansk. Tirs d'artillerie lourde de la RPL signalés le long de la limite sud-ouest de la poche S de Lougansk, entre Loutouguino et Novofedorivka.  

15. Il semble y avoir un plan d'ensemble qui se déroule pour éliminer les forces ukrainiennes déployées autour de Lougansk. Tard hier soir et ce matin, les villages de Khryashchuvate, à 7 km au SE de Lougansk, et Novosvetlovka, à 14 km au SE ont été repris. En conséquence, l'autoroute E40 entre Lougansk et Krasnodon est maintenant dégagée.

16. Combats signalés près du village de Velika Martinevka au S de Bledoe (Bile), 17 km SO de Lougansk. 
 


17. Les forces ukrainiennes occupant Metalist, 4 km au N de Lougansk, qui ont tenté en vain de percer les lignes De la RPL au NE hier, ont apparemment reculé au nord-ouest et ont établi des liens avec les forces ukrainiennes à Shyshkove, 7 km au NO de Lougansk. Les deux groupes armés seraient maintenant pressés vers la rivière Seversky Donetsk.


18. Pendant la nuit, les forces ukrainiennes encerclées à Beloe (Bile), à 17 km au SO de Lougansk, ont réussi à s'emparer de la ville de Rodakovo, à 6 km N de Beloe, semblerait-t-il pour tenter un retrait au Nord. Une contre-attaque sur Rodakovo serait déjà en cours.
 
19. Aucun rapport n'est publié sur les opérations militaires ukrainiennes actuelles. Cela pourrait être lié à la déclaration de Porochenko à la presse hier : "Pour être honnête [Sic!], la situation est certainement très difficile et personne ne va la simplifier, mais elle est suffisamment contrôlée pour ne pas céder à la panique et garder le bon sens." (LIEN)

Rapport de la Mission Spéciale de l'OSCE sur la situation en Ukraine à 18h (heure locale) le 27.08.2014. (Malheureusement en anglais, impossible de trouver une version en français...)


Combats sur Ilovaïsk vus coté ukrainien...


... Même chose, mais vu coté novorossien (bat. Motorola)


Le drapeau de la RPD flotte à nouveau sur Saur-Mogyla


une colonne de l'armée de Novorossia est tombée dans une embuscade de l'armée ukrainienne près d'Elenovka, subissant de lourdes pertes (26 morts et 2 blessés selon les ukrainiens)


Le journal de Novorossia TV du 29.08.2014 (ATTENTION IMAGES DURES!)


La vidéo du jour : Des habitants de Snizhne expliquent leur façon de voir à des prisonniers de l'armée ukrainienne. (Sous-titres en anglais)


Le 29.08.2014, Alexeï Mozgovoï, commandant en chef des forces de la RPL : "Nous ne prévoyons pas de négocier. Avec qui devrions-nous parler ? A propos de quoi ? Il n'y a aucune réponse à ces deux questions. Seulement la victoire. Dans le cas contraire, nous allons continuer cette course folle à l'infini... Il est temps de fermer ce chapitre et de commencer à former un État ordinaire, un pouvoir ordinaire et une vie normale pour le peuple".

conférence de presse d’Alexandre Zakharchenko, Premier ministre de la République Populaire de Donetsk. le 24.08.2014


 Sous-titres français, anglais, allemand

Source : Le Saker français



jeudi 28 août 2014

Ukraine/Novorossia : SITREP des combats du 27.08.2014 en RPD


Quelques évènements et vidéos marquants de la journée du 27.08.2014 dans la République Populaire de Donetsk :

Chaudronnerie :



1. Les forces ukrainiennes encerclées dans la zone de Dokuchaevsk continuent de se battre. Elles ont même repris la ville de Styla, à 15 km au SE. L'utilité de cette prise reste à déterminer.


2. Les forces ukrainiennes encerclées dans la poche près d'Amvrosiisk ont fait une tentative pour sortir vers l'Est de Blahodatne vers la petite pochette de troupes ukrainiennes qui sont encerclées au sud-ouest de Saur-Mogila. La tentative s'est soldée par un échec complet. 
 
Situation confuse dans le sud-ouest
Blindé de la milice sur la route de Marioupol
3. Au sud, Novoazovsk est maintenant fermement dans les mains de la milice (pour la deuxième ou troisième fois). Des blindés de la milice vus sur l'autoroute E58 à l'est de la ville et des renforts arrivent dans Shyrokyne, à 20 km de Marioupol.
 

4. Les forces ukrainiennes ont contre-attaqué au Nord-Ouest de Marioupol, dans la direction de Topolyne et Granitno (Hranitne), à 25km N. Dans le processus, ils ont repris la jonction de la route de Voldarskoe, 22 km au NO de Marioupol . Rapport d'une unité aéroportée ukrainienne parachutée près de Sarchenkove, à 50 km au NO de Marioupol.

5. Selon des rapports, des renforts blindés ukrainiens sont arrivés à Marioupol. Des tranchées et des blocks sont établis à la périphérie orientale de la ville. 

6. Volnovakha, un important carrefour routier à mi-chemin entre Donetsk et Marioupol, repris par les forces ukrainiennes cet après-midi, a été capturé de nouveau par la milice dans la soirée.
 

7. La périphérie Est et les avant-postes de Marioupol sont attaqués par la milice de Novorossia.
 

8. Des groupes de reconnaissance de la milice ont contourné Marioupol à l'ouest, ont attaqué Melekyno, à 20 km au SO de Marioupol sur la côte. On signale que les forces "séparatistes" tentent peut-être de prendre Berdyansk, à 60 km au SO de Marioupol, par un coup de main. Sérieux combats déjà signalés dans plusieurs villes intermédiaires.
 

Donetsk et Gorlovka :

9. Tir d'artillerie et de roquettes ce soir contre Donetsk par les forces ukrainiennes situées à l'aéroport.
 

10. Les réseaux sociaux ukrainiens sont inondés de rapports signalant des colonnes de tanks russes, des colonnes blindées, des drones, des raids aériens, des attaques de missiles et des tirs d'artillerie transfrontaliers. Aucune vidéo ou preuves photographiques n'ont cependant encore été publiées.

11. Un groupe de 62 soldats ukrainiens a passé la frontière près d'Ulianivsk pour trouver refuge en Russie 



12. Nouvelles attaques ukrainiennes dans les environs de Gorlovka. La nuit dernière, les forces ukes ont repris Vuhlehirsk (Uglegorsk), à 10km à l'Ouest de Debaltsevo. Le but semble énigmatique, depuis le retrait des forces ukrainiennes du saillant de la Panteleimonivka à l'Ouest de Gorlovka hier, la tentative d'encercler Gorlovka est tout sauf achevée. Les forces qui occupent le saillant de Debaltsevo feraient mieux de se replier car elles sont maintenant en réel danger d'encerclement.


Vidéo ukrainienne sensée montrer un char russe détruit mais dont on aperçoit (à 17") les bandes blanches typiquement ukrainiennes. Ou bien les russes peignent des bandes blanches sur leurs tanks pour tromper les ukes, ou bien ces derniers nous prennent vraiment pour des abrutis... (je pencherais pour la 2eme option)


Le 5ème bataillon territorial "Prikarpatje" a déserté le front et se dirige vers Ivano-Frankivsk avec ses armes (TV ukrainienne)


Interview des combattants français de la république populaire de Donetsk

mercredi 27 août 2014

Russie : Le moment de vérité approche pour le pays



Comme nous avons pu le remarquer dans sa récente interview, Sergueï Glaziev présentait une analyse de la situation destinée essentiellement à des spectateurs occidentaux. Voici maintenant un article paru le 21 août dernier dans l'hebdomadaire « Zavtra » et cosigné par Mikhaïl Deliaguine et Alexandre Nagorny. Ceux-ci font partie du Club Izborsky (Alexandre Nagorny en est le secrétaire exécutif. Il est également rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire Zavtra), aux côtés de Sergueï Glaziev, Alexandre Prokhanov, Alexandre Douguine et l'archimandrite Tikhon Shevkounov, entre autres. Ce texte, intitulé «Le moment de vérité approche pour le pays» nous présente cette fois une analyse de la situation adressée aux lecteurs russes. L'interview de Glaziev et le présent texte, offrent donc une analyse d'une même situation, présentée sous deux éclairages différents. Le texte nous entr'ouvre en outre une fenêtre nouvelle sur la Russie.

Le moment de vérité approche pour le pays

La Russie est entrée dans l'étape la plus critique de son développement, dans le cadre de l’agression occidentale dirigée par les Etats-Unis et du conflit en Nouvelle Russie et dans l'Ukraine entière, et dont le caractère de guerre froide évolue vers celui d'une «guerre chaude». L'intervention récente de Poutine à Yalta l'a souligné. Dans un avenir proche apparaîtra un danger réel pour l'existence même de notre pays. Il est aisé de s'imaginer à quoi ressemblera l'évolution des événements si pour l'une ou l'autre raison les forces pro-russes de la République Populaire de Donetsk et de la République Populaire de Lougansk venaient à être défaites.

En Ukraine, où culmine la crise, s'est établit un régime durement anti-russe et qui plus est, «néobanderiste», qui au cours des six à dix derniers mois a reçu de l'occident toute l'aide militaro-technique, financière et économique nécessaire. Cela doit permettre de constituer une armée puissante de six cent à huit cent mille hommes habités d'un esprit fermement anti-russe et dotés d'un équipement moderne. Mais le plus important consiste en ce que ce bras armé de l'Occident parvienne à mener ses actions terroristes à large échelle via une «guerre d'attentats à l'explosif» en Crimée, et ensuite dans les districts de la Fédération de Russie avoisinant l'Ukraine. Cela devrait être aisé à réaliser en recourant aux éléments radicaux des Tatars de Crimée, et même à des Ukrainiens vivant en Russie.

Logiquement, il n'y aura plus de touristes en Crimée. Mais Moscou devra prendre en compte les deux millions de Criméens parmi lesquels l'humeur anti-Moscou ira croissante. Et nous devons nous attendre à une montée des actions terroristes dans le Caucase, soutenues secrètement par les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. Le délai dans lequel surviendront ces événements est estimé à douze ou dix-huit mois. Ces tendances s'inscrivent dans le contexte économique conséquent aux sanctions occidentales, et dans une plus grande mesure encore dans le cadre de l'échec écrasant de la politique économique «libérale» du cabinet Medvedev. Ce gouvernement restera probablement en place, dans la mesure où Poutine ne veut clairement pas le remplacer, pour diverses raisons.

Bref, les tensions sociales seront palpables à Moscou même, là où les groupes favorables à l'Occident contrôlent les masse-médias. Dès lors, en 2016 ou 2017, il est probable que l’État de la Fédération de Russie soit poussée vers son point d'éclatement par une habituelle «révolution de couleur» puissamment soutenue par les États -Unis et l'Occident tout entier. Comment échapper à tout cela ? Voilà le problème auquel est confronté la Fédération de Russie et ses dirigeants.

Quels sont dès lors, par priorité, les problèmes les plus graves et les mesures nécessaires pour le pouvoir de la Fédération de Russie ?

En Ukraine : victoire ou paix à tous prix ?

Pour l'instant rien ne dépasse en importance le problème ukrainien. La tendance répétée à éviter l'intervention de la Russie dans le conflit dont a fait montre notre pouvoir exécutif, est considérée par les États-Unis et l'Occident tout entier comme une invitation continuer à se moquer de la faiblesse de la position russe et à poursuivre l'agression. Le résultat se compte en dizaine de milliers de tués et en des centaines de milliers, bientôt un million, de réfugiés.

Pour arrêter l'agresseur, il convient de fixer idéologiquement une dimension évidente : il faut expliquer directement à notre peuple et au peuple ukrainien ce qui se passe à côté de chez nous et quelle est la tâche de la Fédération de Russie en fonction de ces événements. Cela signifie qu'il faut fixer l'essence néofasciste du régime en place à Kiev, qui est en train de réduire à néant les résultats de la Grande Guerre Patriotique et qui plante un système anti-russe et anti-orthodoxe dans la zone de nos intérêts stratégiques. En d'autres termes aucun de nos hauts fonctionnaires et dirigeants ne peut entretenir aucune accointance avec les représentants d'un tel régime. Par conséquent, à tous prix, il ne faut pas arrêter le combat , mais vaincre le «néofascisme» implanté par les États-Unis et leurs satellites de l'OTAN. Dans la mesure où l'économie ukrainienne ne subsiste que par son intégration à l'économie russe et que la culture ukrainienne est extrêmement proche de la russe, le nazisme est contraire aux intérêts de l'Ukraine et détruit sa structure en tant qu’État.

C'est précisément pour cela que la Crimée s'est unie à la Russie. L'Est s'est levé contre le nazisme, mais en Nouvelle Russie, l'oligarque Kolomoïski a créé une entité moyenâgeuse dont les guerriers accomplissent, avec ceux de Kiev, un génocide de la population. Le «pouvoir» de Kiev ne peut ni ne veut assumer les obligations minimales d'un État (depuis le paiement des importations et des prestations sociales jusqu'au maintien de l'ordre). Ces marionnettes sanglantes plongent l'Ukraine dans le gouffre de la folie et de la russophobie.

La relation de la Russie avec le nazisme est déterminée par son histoire, et par les décisions du Tribunal de Nuremberg. Dans ce contexte, les pouvoirs à Kiev et à Dniepropetrovsk sont considérés par la Russie comme des régimes terroristes d'occupation, transformant l'Ukraine, qui fut la partie la plus riche et développée d'Union Soviétique, en un «État défaillant» tel l’État Somalien, ainsi qu'à l'extinction de sa population. La Russie n'admettra pas leur légalité, regardera toute collaboration avec eux comme un délit, punissable, et entretiendra des relations avec eux uniquement en vue de protéger ses citoyens pendant la durée de l'occupation des territoires par les nazis. La collaboration, y compris le commerce ne peut être développé qu'avec les régions libérées.

La Russie doit déclarer son objectif de dénazification de l'Ukraine et de restauration d'une coopération mutuellement profitable, en soutenant par tous les moyens nécessaires ceux qui combattent le nazisme, depuis l'envoi de volontaires armés jusqu'à l'aide organisée par l'État. En outre, il est nécessaire d'intégrer le patriotisme ukrainien dans un système commun de lutte contre le néofascisme. Et enfin, les criminels de Kiev, Porochenko en tête, doivent être traduits devant un tribunal du type de celui de Nuremberg. L’État doit informer le monde et la communauté de toutes les atrocités des nazis et de leurs maîtres occidentaux, en soulignant le rôle des monopoles globaux basés aux États-Unis.

Projet de mobilisation pour la Russie

La lutte et la victoire en Ukraine sont impensable sans un changement radical de l'actuelle orientation quasi libérale et du présent modèle économico-financier. Cela exige en particulier de réagir aux sanctions introduites par l'Occident. Il est trop tard pour combattre ces sanctions : l'Occident a déchaîné contre nous une «guerre froide», et seule une démonstration de force peut l'empêcher de se transformer en guerre «chaude». Il faut expulser de Russie les entreprises des États-Unis jusqu'à la normalisation de la politique de ces derniers. Mais l'essentiel est de se tourner vers la société russe et de lui donner une orientation nouvelle, basée sur la mobilisation de toutes nos ressources afin de repousser l'agression qui se déploie. Ici, l'essentiel consiste en la modification des modèles financiers et économiques. Cela signifie que nous avons besoin des indicateurs d'une planification stratégique, de l'élimination immédiate de l'actuelle bureaucratie et de la corruption au niveau des entreprises, et du retrait de nos moyens financiers des banques occidentales et du système obligataire des États-Unis. De bien d'autres choses encore, entre autres d'une nouvelle orientation dans la sphère scientifique et éducationnelle.

La Crimée doit devenir une région d'avant-garde en matière de développement, débarrassée de nos vices. L'obtention de leur visa doit être facilitée pour ses habitants en leur permettant l'enregistrement dans d'autres régions.

Les biens nationaux de la Russie investis en Occident doivent y être redéployés afin d'éviter tout lien avec les structures d'État locales à défaut de quoi ils serviront de moyen de chantage. Il convient de réorienter également notre commerce vers des pays ne menant pas de guerre froide contre nous. La question la plus douloureuse en matière de machine-outils de haute précision, c'est la Corée du Sud.
Ayant évalué la volonté de l'Occident de modifier les normes du «droit international», il faut se préparer à sortir de sa sphère d'influence. Les Européens doivent être prévenus de ce que le vol par leurs créatures nazies d'un seul mètre cube de gaz entraînera l'interruption du transit à travers ce qui fut l'Ukraine jusqu'au paiement par ces nazis de toutes leurs dettes. Les Européen hystériques qui ont mis les criminels au pouvoir doivent le savoir : ils ont créé un cas de force majeure, à leur préjudice. La Russie doit se réserver la possibilité d'une contrainte de pacification directe en cas de prolongation de l'agression nazie (sans parler de tirs d'artillerie sur notre territoire et de l'assassinat de nos citoyens), mais les Ukrainiens doivent libérer eux-mêmes leur pays, car alors seulement ils seront leurs propres maîtres.

Poutine et l'Occident.

Ceux qui trouvent ces mesures excessives doivent, se souvenir de ce que l'Occident ne pardonnera jamais à la Russie sa simple existence, ni à Poutine ses agissements, en premier lieu l'accueil de la Crimée au sein de la Russie et l'aide qui fut fournie pour y tenir le référendum. La modification des frontières sans l'accord du «chef», les États-Unis, est un péché mortel, dont l'auteur doit être exterminé comme Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi.
Il ne s'agit en fait pas tellement du rejet des valeurs européennes, comme notre aversion à l'égard de l'imposition agressive de l'homosexualité, ou de l'insurrection et de la réunification avec la Crimée, mais de la désobéissance au diktat de l'hégémonie financière et politique.
Les élites occidentales, de Obama à Liaschko, sont habituées à se soumettre sans un murmure au business global: c'est leur maître, dans le sens direct et esclavagiste du terme. Poutine a démontré son indépendance à son égard, tout en n'entrant pas en conflit avec lui. Mais on a pu voir que la Russie, ce n'est pas l'Occident, qu'il existe une différence naturelle. Bien sûr, il serait plus facile de renverser les autochtones audacieusement autonomistes et de les remplacer par des libéraux, mais le prix de la coopération risque d'être très élevé. Pour les politiciens occidentaux toute allusion de Poutine à la possibilité de ne pas se soumettre (sans parler de celle de répondre aux sanctions) est considérée comme une effroyable insulte : ils placent Poutine un rang inférieur à celui de toute la classe politique occidentale.
En signifiant, même involontairement, la possibilité d'insoumission aux monopoles de la mondialisation, Poutine manifeste combien le russe actuel, même s'il n'en a pas conscience, est supérieur à l'Européen et à l'Américain, de par sa liberté intérieure (tout en reconnaissant ses vices et ses malheurs), car il admet les avantages de ces monopoles non en tant que vérité supérieure absolue, mais comme toute autre modalité dont il est raisonnable d'adopter les éléments favorables et d'essayer de se les approprier, et qu'il est déraisonnable d'ignorer. Les leaders occidentaux se sentent personnellement offensés lorsqu'un faraud ignore leurs règles impunément. Cette haine féroce et insatiable ne peut être guérie qu'à travers des démonstrations de force imprévisibles et irrésistibles destinées à briser l'«idiot agressif». Les discours et les préjudices dosés (du genre des 12 milliards d'euro de sanctions réciproques) demeurent inutiles; dans la puanteur d'urine des portes cochères ou dans les sommets de dirigeants internationaux, les hooligans ne comprennent que les réponses asymétriques et inadéquates.

Les cadres décident tout.

Un libéral peut être une personne bonne, un spécialiste, mais la croyance que l'État doit être au service non du peuple mais du business global, font de lui un esclave de ce dernier. Il est dès lors nécessaire, pour la survie du pays, de la société et de ses dirigeants d'assainir l'État, ses cerveaux et ses bras en évaluant son indépendance à l'égard de l'hérésie criminelle. Les libéraux, qui aspirent à revenir à la Russie des années '90 doivent être éloignés des services de l'État, depuis l'administration présidentielle jusqu'à celle des villages, vite et impitoyablement. Ceux qui restent devront choisir entre le service de l'État et celui des actif familiaux placés en Occident. Les fonctionnaires qui auront essayé de se dissimuler devront démissionner sous l’opprobre et resteront libres à condition de ne pas agir contre les intérêts de la Russie.

La fuite de l'«aristocratie offshore» donnera l'occasion de restructurer l'appareil d'État (qui ignore une série de ses fonctions et sévit là où il n'a rien à faire) en l'adaptant au système électronique de prise de décision. Avec amertume, il convient de congédier Medvedev, jusqu'ici marqué de l'empreinte de la «cinquième colonne» libérale. Sa présence en tant que Premier Ministre suscite la tentation d'évincer Poutine du pouvoir au profit d'un jeune manager facilement manipulable, avec qui «tout sera comme au temps du grand-père Eltsine», et qui s'occupera de choses correspondant à son niveau personnel et professionnel. L'Administration socio-économique et la Banque de Russie doivent être dirigées par des personnes aspirant à la prospérité de la patrie, et non par l'extraction d'avantages au profit du business global.

Mass-Media : les clés que constituent les canaux de télévision, de radio et les portails internet (y compris les moteurs de recherche et les principaux fils et agrégateurs d'informations) doivent être retirées à toute gestion extérieure et résolument transférées à des organes de gestion de l'État. Et pas seulement les masse-médias ; à toute propriété privée, il conviendrait d'appliquer le principe de socialisation présent dans la constitution allemande: elle est sacrée seulement dans la mesure où elle sert les intérêts de la société. Si elle est utilisée de façon à porter préjudice à celui-ci, elle devient délictueuse. Il faut alors agir vis-à-vis de son propriétaire comme à l'égard d'un criminel et vis-à-vis d'elle comme d'un instrument du délit.

Première étape: Modernisation des infrastructures.

L'élément clef du développement repose dans la modernisation complexe des infrastructures, permettant de diminuer drastiquement les coûts sociaux et d'augmenter l'activité des affaires. C'est l'unique sphère dans laquelle l'État est protégé de la concurrence malhonnête du business; l'investissement dans les fondements de l'infrastructure outrepasse les possibilités de ce dernier.

De l'argent, il y en a. Dans le budget, on a gelé 7,8 trillions de roubles. Avec une petite partie de cette somme, il est possible de remettre à neuf la Russie, éreintée par les libéraux, d'en faire un pays adapté à l'époque actuelle. Mais il faut gérer plus judicieusement l'argent des budgets sociaux et de la défense et développer l'économie en recourant à des projets de financement: il faut émettre des roubles, comme les pays développés, en fonction des besoins de la Russie, et pas selon ce que nous autorisent nos concurrents.

Pour moderniser les infrastructures, nous avons besoin d'un endiguement fondamental de la corruption, élémentaire techniquement, risqué politiquement (car il sera mis en œuvre parallèlement à la modification de l'appareil d'État), accompagné d'un frein à l'arbitraire des monopoles (sinon une partie des fonds sera volée, l'autre partie contribuant à la hausse des prix), accompagné aussi du passage au protectionnisme raisonnable, même s'il est de type européen, (sinon, les bénéfices des activités seront accaparés par nos concurrents étrangers) et de l'octroi garanti du minimum vital, expression économique du droit à la vie. Coût de l'affaire: approximativement 420 milliards de roubles par an dont la plus grande partie sera récupérée via l'impôt. Sans cela, il sera impossible de former et d'attirer les travailleurs qualifiés nécessaires à la modernisation.
Il s'agit seulement là d'un premier train de mesures. Nous avons également besoin d'organiser l'impôt sur le revenu des particuliers selon une échelle progressive (aujourd'hui elle est en fait régressive; au plus la personne est pauvre au plus elle doit contribuer socialement, et pour les riches, on a créé un paradis fiscal). Il faut constituer un système électronique de tenue des comptes de l'État et des taxes compensatoire sur les privatisations prédatrices. Dans notre pays, maintenu artificiellement dans la pauvreté par les libéraux, les logements, les soins de santé et l'éducation doivent être rendus disponibles quasi gratuitement pour la moitié de la population et gratuitement pour un quart. Le monde crée de la technologie, maintenant il s'agit d'une base technologique renouvelée (la «révolution du schiste», les imprimantes 3D, premières hirondelles du printemps futur). La Russie peut récupérer une capacité concurrentielle globale au moyen de la recherche et du perfectionnement des technologies mises au point par le complexe militaro-industriel soviétique.

Mais la mesure primordiale consiste à transformer en un an la Russie en un pays nouveau, tourné vers le progrès, l'efficacité et la puissance.

Depuis longtemps, les États, même les États-Unis, ne sont plus les acteurs principaux de la politique mondiale. Au-dessus d'eux a grandi une nouvelle communauté toute-puissante: le business global.

C'est pourquoi, tout en conservant la diplomatie habituelle, il faut déplacer le centre de gravité de notre politique étrangère dans la relation avec les véritables maîtres du monde: les monopoles de la mondialisation. Sans cela, la Russie restera ridicule, s'adressant aux serviteurs et ignorant le maître de maison. On peut et on doit jouer au contradicteur vis-à-vis du business de la mondialisation. Pour cela, il faut le connaître. Chez nous, depuis Staline, on s'est dispensé de l'étudier, ainsi que la classe de l'aristocratie dirigeante de la mondialisation, qui lui est soudée, avec ses élites culturelles et technologiques. Il y a bien eu des démarches partielles en ce sens, comme la collaboration entre Rosneft et ExxonMobil, mais rien de systématique; c'est donc insuffisant.

La situation de la Russie mise en perspective: l'effondrement de l'architecture traditionnelle poussera les élites à se tourner vers la culture, le patriotisme et les valeurs sociales, symboles de ce que fut toujours notre pays. La culture russe unit l'humanisme et la compétence technique; il s'agit de la seule culture puissante capable de nous sauver de deux menaces stratégiques évidentes: la déshumanisation et la dégradation technologique. Ce messianisme permettra à la Russie de devenir une ressource pour la survie de l'humanité toute entière.
Mais pour que cette possibilité devienne réalité, l'État devrait commencer par remplir ses obligations les plus immédiates. Sans aucun doute, il faut adopter une nouvelle ligne géopolitique. Cela est partiellement en cours, à travers les BRICS, et l'élaboration de relations de quasi-alliés avec la République Populaire de Chine et l'Inde. Ici, il est nécessaire de se débarrasser des partisans cachés des occidentaux qui tentent de saboter nos initiatives économiques et militaro-politiques de grande envergure. Bref, un «virage stratégique» est nécessaire dans l'architecture de l'État, sans attendre.

Et en cela réside la clé de la victoire. Et celle-ci commencera par la victoire en Ukraine.

(Trad. "Serge")
Source : zavtra.ru

dimanche 24 août 2014

Qui est-il, ce "Tsar" ? Par Youri Iourtchenko

"Tsar" et Strelkov
Voici le dernier article écrit par Youri Iourtchenko avant son arrestation :
(Traduction : Laurence Guillon)

Un collègue correspondant de guerre m’appelle : « Tu connais le « Tsar »? – « Oui ». – « Qu’est-ce que tu peux m’en dire ? C’est quel genre de type ? »

Beaucoup de gens posent cette question, en ce moment. Et je peux dire tout de suite sans me tromper que celui qui me pose cette question est soit quelqu’un qui est arrivé au Donbass par hasard, soit quelqu’un qui n’est pas depuis longtemps dans les Forces Républicaines. Parce que celui qui a un peu servi ici, vécu ici, combattu ici a entendu ce surnom d’une manière ou d’une autre. L’un commencera à vous raconter que le « Tsar », c’est l’un des meilleurs commandants de Strelkov, et que beaucoup s’efforcent d’entrer dans sa division, l’autre quelque histoire héroïque liée au « Tsar » de la période de Slaviansk, le troisième que c’est « un mec normal bien de chez nous », qu’on peut toujours aller trouver pour un conseil : le « Tsar » est lui-même du cru et les problèmes locaux lui sont familiers et compréhensibles…

Il a grandi comme un gamin de la région de Lougansk, il allait à l’école, se battait, tombait amoureux et ne rêvait pas de carrière militaire, il aimait les arts martiaux et rêvait de devenir entraîneur de judo, mais pas n’importe lequel, entraîneur pour enfants. C’était un gars persévérant, et il réalisa son rêve : pendant 20 ans, il pratiqua son métier bien-aimé, il enseignait le judo aux gamins et aux gamines de la ville de Slaviansk, il le faisait avec plaisir et n’aurait jamais cru lui-même qu’il devrait échanger brusquement sa profession paisible contre celle de défenseur de la Patrie.

La Patrie du « Tsar », c’est le Donbass. Et il avait tout, en quelque sorte, dans cette Patrie : un travail intéressant, une famille, un domicile (même à crédit), une voiture (même si elle n’était pas super classe), dans l’ensemble, tout se déroulait semblait-il normalement. Mais l’Euromaïdan se rua dans sa vie, et l’obligea, ainsi que son frère, et beaucoup de leurs amis en Ukraine (et pas seulement en Ukraine) à oublier pour l’instant sa profession et à s’en approprier vite une autre, le métier des armes. Quand il apprit le 12 avril que les habitants de Slaviansk, parmi lesquels se trouvait son jeune frère, s’étaient emparés du siège du Service municipal du Ministère des Affaires intérieures et du SBU, il est tout de suite allé à leur secours. Et il n’est plus revenu dans sa salle de sport. Il a trimballé comme tout le monde des sacs de sable, construit des barricades, gardé les postes de blocage, effectué des missions de reconnaissance… A ce moment-là, il a attiré l’attention de « Strelok » (NDT: colonel Igor Strelkov) autour duquel se rassemblaient les premiers défenseurs de Slaviansk : les renseignements livrés par le groupe du « Tsar » étaient les plus exacts et les plus fiables (ici, bien sûr, se manifestait le fait que le « Tsar » « travaillait » sur sa propre terre dont il connaissait chaque sentier secret et chaque coin perdu. Slaviansk devint pour beaucoup une excellente école, le « Tsar » et son équipe ne firent pas exception, ils s’acquittèrent brillamment des missions de reconnaissance et de sabotage confiées par le commandement de la garnison de Slaviansk… Le « Tsar » domina vite une science pour lui nouvelle, celle de la guerre : il apprit à utiliser le « blindé », la technique de combat, à interagir avec l’artillerie, à anticiper et deviner les coups de l’ennemi… Il reconnut tout de suite dans le « Premier » (Strelkov) un talent de chef de guerre et « observa » beaucoup de choses auprès de lui pendant ces quatre mois. Un homme vraiment doué apprend toujours et avec tout le monde. C’est justement le cas de « Tsar » : il ne perd pas sa couronne « royale » quand il « saisit » quelque chose chez des combattants beaucoup plus jeunes que lui, comme chez le commandant de la compagnie d’Ilovaïsk « Ghivi », entrant dans la brigade générale du « Tsar ». C’est en effet son « école de Slaviansk » et celle de ses camarades les commandants, que Strelkov avait à l’esprit lorsqu’il dit que les gens venus des professions civiles se faisaient plus vite à la guerre que les gradés…
Il y a des sujets que le « Tsar » n’aime pas aborder. L’un d’eux est la retraite de « l’armée de Strelkov » de Slaviansk (qui lui était devenue chère depuis longtemps). C’est un sujet pénible. Et pas seulement pour le « Tsar » mais pour tous les gars de Strelkov. Bien que le « Saint-Georges » ait été accroché à la poitrine du « Tsar » justement à cette occasion. Il n’est pas allé chercher sa famille pour la sortir de Slaviansk, sa femme blessée et sa fille de 9 ans, car il était à ce moment-là indispensable à ses combattants pratiquement encerclés : il a fait sortir sains et saufs près de 150 hommes. Plus tard, il a quand même sorti aussi sa famille de Slaviansk occupée par l’armée ukrainienne…
Pendant presque un mois et demi la brigade générale du « Tsar » a assuré la défense de Chakhtiersk , et plus exactement de toute la région : Ilovaïsk, Mospino, Khartsyzsk, Krasnyi Loutch, Mioussinsk et autres agglomérations depuis Larino jusqu’à Krynki… A Chakhtersk « régnait » la même atmosphère qu’à Slaviansk, la même proximité, la même unité. Les cosaques aussi bien « qu’Oplot » et les « gars de Strelkov » travaillaient en plein accord comme une seule division.

J’ai remarqué quelquefois avec quelle coordination et quelle efficacité travaillaient (dans les pires conditions, sans avoir sous la main les instruments indispensables, ne bénéficiant pas de points d’observation avantageux ; pratiquement sans communications) les correcteurs du « Tsar » et les artilleurs « d’Oplot. C’est justement là, à Chakhtersk que je me suis souvenu soudain des lignes écrites par le poète et commandant d’un peloton de mortiers, le lieutenant en second Mikhaïl Koultchitski, mort en janvier 1943, lors de la libération de la région de Lougansk des troupes fascistes :

« La guerre n’est pas du tout un feu d’artifice
Mais simplement un travail difficile… »

Les combattants « d’Oplot » et les soldats républicains du « Tsar » faisaient leur travail d’une façon professionnelle et habituelle, sans pathos et sans agitation, brisant l’encerclement de l’artillerie ukrainienne autour de la ville, devinant les arsenaux et les dépôts de munitions et de carburant de l’ennemi, organisant des feux d’artifice des plus mortelles réserves à l’endroit même où elles étaient à la disposition de l’ennemi… Et sauvant par là même et la ville de la destruction complète et des dizaines et des centaines de vies parmi les civils, auxquels ces obus étaient destinés. Car c’est précisément à Chakhtersk que l’armée ukrainienne a utilisé pour la première fois dans cette guerre le complexe tactique de missiles « Totcha –U », lancé par la fusée qui a explosé sur un quartier résidentiel, creusant un cratère de 15 m de diamètre et profond comme deux fois la taille d’un homme.

C’est là même, à Chakhtersk, que je me répétais d’autres vers connus du même poète :

« Foin des décorations
Pourvu que la Patrie
Eût ses Borodino quotidiens »

Oui, Chakhtersk, Snejnoïe, Thorez, Saur-Mogila, ce sont nos « Borodino quotidiens ». Lors des combats de Chakhtersk plus de 120 unités de technique ennemie ont été détruites en quelques jours, c’est notre Arc du Donbass…

Le « Tsar » (en cela, il ressemble aussi à Strelkov) est connu pour préserver ses combattants, il essaie de ne pas risquer leur vie sans nécessité impérieuse… En lui le « commandant de brigade » fait toujours bon ménage avec le « conseiller », « l’entraineur », qui observe attentivement et protège les enfants sous sa responsabilité. .. Et les combattants lui répondent par la même loyauté et le même amour que lui prodiguaient (il n’y a pas si longtemps !) ses jeunes élèves de la salle de sport de Slaviansk.

J’ai assisté deux fois à ses négociations par téléphone avec le commandant de la 25° brigade aéromobile de parachutistes ukrainiens. J’ai vu comme il lui était difficile de ne pas exploser, de ne pas couper la conversation - non, il n’avait pas le droit, il ne pouvait laisser libre cours à ses sentiments, ses émotions : il était question d’un échange de prisonniers et à toutes les exigences infondées, les conditions difficiles à expliquer de ceux d’en face, il fallait répondre avec patience, retenue et s’efforcer, en dépit de tout, de parler humainement. J’ai vu combien cela lui était difficile, comme il cherchait ses mots, choisissait les plus aptes à convaincre l’homme au bout du fil que les combattants prisonniers chez eux devaient nous être rendus dans le même état que les soldats ukrainiens que nous devions leur rendre, c’est-à-dire pas battu à mort, comme ce fut le cas plus d’une fois, mais sous un aspect normal, avec des plaies pansées, et, dans la mesure du possible, dans un état psychique normal. C’étaient des conversations très difficiles, qui s’interrompaient souvent à cause des bombardements de l’artillerie ennemie ou d’une exigence absurde et hystérique inattendue de la part de ceux d’en face, et chaque fois le « Tsar » reprenait avec patience et presque tendrement (on aurait pu penser qu’il parlait à un vieil ami, qui se trouvait à ce moment dans le malheur, peut-être à l’hôpital, et avait besoin de plus d’attention et de soins particuliers) une autre tournée de négociations…

On peut en raconter encore beaucoup sur le « Tsar »… Mais revenons au début de cet article. Il a commencé par les questions que les gens sont nombreux à se poser maintenant, en Ukraine et en Russie : « C’est quel genre de type, ce Tsar ? » Cet intérêt accru pour sa personnalité est compréhensible ; voici déjà quelques jours que Valdimir Petrovitch Kononov (dit le « Tsar ») « en lien avec le changement de poste d'Igor Strelkov » a été nommé ministre de la Défense de la RPD.
Je pose cette question au nouveau ministre :

« Pour beaucoup, ici comme en Russie, le mouvement de libération du Donbass est inséparable du concept de « l’armée de Strelkov ». Et les soldats républicains eux-mêmes, revenus de Slaviansk (et c’est là le noyau de l’armée de la DPR, la plus apte au combat, sa partie la plus « aguerrie »), se nomment avec fierté les « hommes de Strelkov ». Nous savons que de nombreux volontaires de diverses régions et de divers pays viennent ici « rejoindre Strelkov », dans le but de devenir une partie de cette légendaire « armée de Strelkov ». Que va-t-il se passer avec sa nomination ailleurs et l’arrivée d’un nouveau ministre de la Défense : resterons-nous des « hommes de Strelkov », ou bien sera-ce une nouvelle armée, disons, « du Tsar » ?

Le ministre de la Défense de la RPD V. P. Kononov (« Tsar ») :

« Sans aucun doute, de par son esprit, ses tâches, l’armée de la RPD reste celle de Strelkov. Igor Ivanovitch (Strelkov) reste toujours à nos côtés ».
 
Youri Iourtchenko (« Henri »), correspondant de guerre.

Petition pour la libération de Youri :

M. Porochenko, Libérez Youri Iourtchenko!

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Soutien à la rébellion du Donbass

Voix de Novorossia (suite) : Sébastopol Bike Show 2014 avec Gleb Kornilov

Gleb Kornilov et Katarina au Bike Show 2014
Les 8 et 9 Aout 2014, avait lieu le célèbre "Bike Show Festival" où était organisé une collecte pour le Fonds de Secours de Novorossia, à l'initiative du chanteur moscovite Gleb Kornilov alias "Opasnie" (Dangeureux). Ce fut un énorme succès qui a rassemblé entre 150.000 et 200.000 spectateurs et permis de récolter une aide importante pour les populations du Donbass en résistance.

Gleb reçu par un célèbre chaudronnier, le 13 juillet à Donetsk


Opasnie - "Yougo-Vostok" (Sud-Est)


Opasnie - "Okhota na lyudey" (Chasse à l'homme)


Opasnie - "Novorossia"


Bike Show 2014 Sébastopol - Récolte de fonds pour la Novorossia - Opasnie sur scène


Les fonds ont permis, entre autres, d'envoyer des médicaments pour les hôpitaux de Donetsk, 5000 flacons d'antibiotiques, du matériel d'anesthésie, des milliers de seringues et autres produits pharmaceutiques.

Gleb et un ami rencontrent le légendaire Motorola à Donetsk


Lors d'un rassemblement de soutien au Donbass, un inconnu est venu voir Gleb pour lui demander un drapeau de Donetsk. Quelques jours plus tard, il recevait cette vidéo...
 
La retransmission du Bike Show 2014 à la TV russe 

Site du Fonds de Soutien au Donbass de Gleb Kornilov 

Donations

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samedi 23 août 2014

Ukraine/Novorossia : SITREP des combats du 22.08.2014


1. Des restes de la 24eme Brigade mécanisée sont toujours encerclés entre Dyakovo et Dimitrovka à l'intérieur du Chaudron 2.0
2. Le poste-frontière d'Uspenka est de nouveau sous le contrôle de la milice de Novorossia.
3. Les combats se poursuivent sur les alentours de Saur-Mogila
4. Le détachement de balayeurs de Motorola fait le ménage sur Ilovaïsk (les Ukes prétendent le contraire)

(cliquez sur la carte pour agrandir)

 5. La milice de Novorossia a repris la localité de Peski, près de l'aéroport de Donetsk


  6.Plusieurs unités ukrainiennes sont encerclées dans le secteur de Zhdanovka


7. Les combats se poursuivent le long de la rivière Severski Donets au Nord de Lougansk dans les localités de Slavianoserbsk, Shchaste, Krasny Yar et Stanitsa Louganskaya.
8. La milice a pris les villes de Rodakovo, Sadovka et Veselaya Tarasovka, isolant ainsi les forces Ukrainiennes positionnées à Beloe (Ouest de Lougansk). L'atelier de chaudronnerie fonctionne à plein régime.
9. Les combats ont continué à Loutouguino au Sud et Novosvetlovka au Sud-Est de la ville, ou les bataillons paramilitaires de la junte tentaient de barrer la route au convoi humanitaire russe, qui a été obligé de faire un détour plus à l'Est pour atteindre sans encombre Lougansk.



Les correspondants de l'agence KP Alexandre Kotz et Dimitri Steshine trouvent de bien étranges objets dans le Donbass...

vendredi 22 août 2014

Ukraine/Novorossia : Lougansk aujourd'hui, filmé par G. Phillips

Lougansk, le 22.08.2014 - Photo : Graham Phillips


Après avoir été expulsé et interdit de séjour en Ukraine, le reporter britannique Graham Phillips, qui est du genre borné comme gars, est revenu en territoire de Novorossia.
Il se trouve donc à Lougansk, d’où il nous envoie cette série de vidéos filmées aujourd'hui dans le centre de la capitale de la RPL.
Mais d'abord, une bonne nouvelle :

Un prêtre parle avec des miliciens de Novorossia après la livraison d'un camion de vivres à son église, à Lougansk.
Le convoi humanitaire russe arrive à Lougansk



Entrée sans problème des premiers camions dans la ville, non sans avoir du faire un détour par des routes secondaires par l'Est (voir carte ci-dessous) pour éviter Novosletkova où les attaques des bataillons paramilitaires de la garde nationale/Secteur Droit bloquaient le passage.

trajet du convoi russe vers Lougansk (flèches vertes)

magasin détruit dans le centre-ville

Les vidéos de G. Phillips


Série de plusieurs vidéos filmées le 22 Aout dans le centre-ville de Lougansk

Monument dédié aux victimes de la IIeme G.M. transpercé par les shrapnels des bombes de l'armée ukrainienne