samedi 29 juillet 2017

Massacre à Mossoul : « Nous avons tué tout le monde – l’EI, les hommes, les femmes et les enfants » [MàJ 30/07]

Un soldat irakien marche à travers les ruines de Mossoul (Reuters)
Quand Alep a été libérée par les troupes syriennes soutenues par les russes, nos bonnes âmes de la "gauche humaniste" ont hurlé à la mort, Libération titrait "Ci-gît Alep" sur fond blanc et Anne Hidalgo faisait éteindre la Tour Eiffel en signe de deuil, pourtant le gouvernement syrien avait organisé l'évacuation des familles des djihadistes avec une noria de bus verts en direction des zones occupées par la "rébellion". Mais ici, à Mossoul, alors que l'armée irakienne massacre allègrement tout le monde et le reconnait ouvertement, pas de réaction outragée des humanistes de Libé, ni de BHL ou d'Hidalgo. Pas de Tour Eiffel éteinte. 
Serait-ce parce que le gouvernement irakien est soutenu par l'OTAN, la France, l'UE et l'ensemble des occidentaux ? 
-B. Riviere-

[MàJ] : à mettre en perspective avec cette photo parue dans Le Matin du 28 juillet 2017 :
Source : Antipresse

MOSSOUL, Irak – Le soldat irakien jette un coup d’œil à l’extérieur de la pièce où il se trouve, tenue par trois murs, à travers une friche de gravats s’effondrant abruptement jusqu’aux rives du Tigre. Il réfléchit à ses derniers jours, très violents, de combats contre le groupe État islamique (EI).

« Nous les avons tous tués », raconte-t-il calmement. « Daech, les hommes, les femmes et les enfants. Nous les avons tous tués. »

Ce qu’il reste de cette partie de la vieille ville de Mossoul, où les combattants de l’EI ont livré leur dernier combat, est un endroit terrible. Et ce qui se trouve en dessous trahit les sombres derniers jours de la bataille pour Mossoul.

Des centaines de corps gisent, à moitié enterrés dans la maçonnerie effondrée et les décombres de ce qui avait été autrefois un quartier historique et trépidant. La puanteur des corps en décomposition, qui arrive rapidement dans les 50°C de la chaleur de l’été, submerge les sens.

Les pieds sont les restes que l’on remarque en premier. Et il y en a beaucoup, perçant à travers les décombres.

Ces meurtres de masse ont laissé des traces terribles.

Au cours de la semaine dernière, des bulldozers blindés ont roulé, en avant et en arrière, sur les maisons toutes froissées, compressant des centaines de corps dans les décombres.

Mais les morts ne s’en vont pas. Le rouge-brun des morceaux de corps en train de pourrir tranche avec le gris pâle de ce paysage irrégulier de gravats, de poussière et d’immeubles détruits.

« Il y a beaucoup de civils parmi les corps », explique un commandant de l’armée irakienne à Middle East Eye. « Après l’annonce de la libération, ordre a été donné de tuer tout ce qui bouge. »

Témoignant sous couvert d’anonymat, le commandant admet que les ordres n’étaient pas bons, mais les militaires devaient les exécuter sans discuter.
« Nous arrêtons très peu de personnes »

L’argument avancé par certains soldats irakiens selon lequel les prisons de Bagdad sont trop remplies pour accueillir davantage de prisonniers de l’EI fait rire le commandant.

« Ce n’est pas vrai, nous avons plein de prisons, mais maintenant, nous ne sommes pas en train de traiter les prisonniers comme nous le faisions avant », reconnaît-il. « Plus tôt dans la guerre, nous arrêtions de nombreux combattants de Daech et nous les amenions aux services de renseignement. Mais maintenant, nous arrêtons très peu de personnes. »

Lundi, plusieurs journalistes ont vu un prisonnier de l’EI se faire traîner dans les rues en ruines de la vieille ville par les soldats des forces spéciales.

L’homme était attaché et avait une corde nouée autour du cou. Les soldats ont confisqué les cartes mémoire des journalistes et on nous a ordonné de quitter la ville.

« Ici, il n’y a plus de loi maintenant », souligne le commandant. « Chaque jour, je vois que nous faisons la même chose que Daech. Les gens descendent vers le fleuve pour avoir de l’eau parce qu’ils meurent de soif, et nous les tuons. »

Les corps tapissent maintenant les rives du Tigre. Tués par des frappes aériennes, des combats ou des exécutions, morts de faim ou de soif, certains ont été ramenés par le fleuve sur les rives pendant que d’autres flottent encore dans les eaux bleues. Certains des corps sont très petits. Ce sont des enfants.
(...)

(...) Lire la suite (attention photos choquantes) : Middle East Eyes

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